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Critique de Saiwhisper


Méto est une saga jeunesse/ado qui a fait assez parler d'elle et plus particulièrement en ce moment, puisque le premier opus a eu le droit à son adaptation BD. Je connaissais les grandes lignes : l'histoire se déroule dans un huis clos exclusivement masculin. Isolés et endoctrinés, ils vivent en suivant des règles strictes, ont intérêt à obéir sous peine de punitions douloureuses et n'ont aucune liberté. Les semaines se ressemblent toutes, mais le pire est à venir, puisqu'une fois considérés comme trop grands, les pensionnaires disparaissent mystérieusement… C'est intriguée que j'ai découvert « la Maison », cet étrange endroit rempli de secrets dirigé par les Césars, des adultes froids, autoritaires, dictateurs, sévères, inflexibles et tyranniques. À côté d'eux, une maîtresse d'antan punissant les élèves à coups de règle en fer sur les doigts ressemble à un enfant de choeur… Ici, tout fait tellement froid dans le dos !

Répartis par des rubans de couleur correspondant à leur ancienneté, les enfants semblent être une sorte de légion que les Césars modulent à leur convenance… Ainsi, les pensionnaires doivent suivre des directives précises comme manger en même temps en laissant un laps de temps chronométré entre chaque bouchée, pratiquer du sport comme l'Inche (une discipline violente), suivre des cours, chanter, subir des piqûres, etc. Certaines choses leur sont interdites comme le fait de ne pas toucher aux lits, ne pas garder d'affaires de leur vie d'avant (qu'ils ont oublié), obéir sans bouger et sans prendre la parole sauf si on leur en donne l'ordre, ne pas regarder dehors puisqu'il n'y a aucune fenêtre ouverte dans la Maison. Ceux qui désobéissent ou se battent subissent des sévices collectifs ou sont envoyés dans le frigo où ils doivent survivre dans le froid parfois plusieurs jours… Et gare à ne pas s'endormir sous peine de perdre des doigts gelés par les basses températures ! Leur quotidien est véritablement réglé comme du papier à musique. Ainsi, les enfants n'ont vraiment pas le droit d'agir ou de parler comme bon leur semble. Ce qu'ils traversent est à la fois révoltant, intriguant et étrange. J'ai été assez perturbée par cette étrange ambiance qui avait tendance à devenir malsaine à cause des conditions ou des punitions inhumaines. Tout cela ne m'a pas laissée indifférente…

La narration est vue du côté de Méto, un adolescent franc, calme, observateur, patient, silencieux et attachant. le pauvre arrive bientôt en « fin de parcours », puisque d'après sa taille, il ne lui reste que trois à six mois avant de disparaître. Loin de paniquer, Méto a plutôt tendance à se poser des questions, à continuer à vivre et à essayer d'ouvrir les yeux sur l'endroit où il se trouve. J'ai beaucoup aimé son caractère posé et paisible en surface, mais en réalité bouillonnant. Il s'interroge énormément et va tenter d'éclaircir certains mystères de la Maison. Malheureusement pour lui, ces découvertes prennent énormément de temps. de plus, comme à chaque fois qu'un enfant trop grand n'est plus là, les Césars intègrent des petits que les plus âgés doivent prendre sous leur aile. Méto va être responsable du petit Crassus et va devoir veiller au grain pour que le bambin comprenne chaque règle et ne commette aucun écart ! En effet, si Crassus se comporte mal, c'est Méto qui payera à sa place… Cette situation renforce le climat de peur et ajoute un soupçon de tension déjà bien présente. J'ai trouvé le tandem intéressant. L'arrivée de Crassus va habilement permettre à l'auteur de montrer les nombreuses facettes de ce pensionnat lugubre. le lecteur va ainsi découvrir l'endroit en même temps que le jeune novice dont les réactions seront souvent les nôtres (effroi, peine, peur, malaise).

Le rythme du récit est d'abord assez lent, ce qui permet de bien saisir toutes les subtilités et le fonctionnement de la Maison. Cela permet également de découvrir les nombreux personnages… Et, à mon grand regret, il y en a beaucoup ! J'ai dû noter quelques noms sur une feuille, car j'étais perdue avec tous ces enfants dont le prénom antique se termine souvent par « us » (Marcus, Paulus, Claudius, Crassus). Il y a de quoi se perdre un peu, car les informations à assimiler sont nombreuses… Une fois que l'on commence à enfin cerner l'atmosphère de l'ouvrage, le suspense va commencer à s'accroître avec les actions et les découvertes de Méto. C'est le passage que j'ai préféré, car j'étais véritablement prise par les rebondissements qui en découlaient. En revanche, le dernier tiers ne m'a pas spécialement captivée… J'ai eu l'impression que le soufflet retombait et que les choses stagnaient un peu. Il faut dire qu'après une telle montée en puissance et la révolte grandissante due au soulèvement de certains protagonistes, je m'attendais à une confrontation plus musclée ou plus haletante… le dénouement incite le lecteur à se pencher sur la suite cependant, même si je suis intriguée, je n'en fais pas une priorité.

Plusieurs éléments restent plein de mystères. Nul doute que le second opus mettra en lumière quelques questions comme le monde (Est-ce le nôtre ? Un univers post-apocalyptique ou futuriste ? Une histoire se déroulant dans le passé ?), ce qu'il se passe hors de la Maison au cadre totalitariste ou la place des femmes. J'avoue que ce dernier élément m'a beaucoup perturbée. Après une cinquantaine de pages, je me questionnais déjà sur l'absence des demoiselles. Serait-on un mythe ou un sujet tabou dans ce monde d'hommes ? La fin de l'ouvrage apporte quelques réponses grâce à Méto qui va expliquer certaines choses aux plus jeunes. Cela dit, je pense que la suite mettra en avant un personnage féminin. La confrontation devrait être intéressante… Je remercie Mikasa qui m'a permis de découvrir ce premier tome déroutant, atypique, captivant et énigmatique !
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