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Critique de Mome35


Mome35
30 décembre 2019
La page de couverture et le titre étaient accrocheurs. le résumé au dos incitait à l'achat et à la lecture. L'auteur Kenan Görgün, Belge d'origine turque est brillant, à la fois cultivé et doué d'un vocabulaire astronomique, d'une écriture dure, difficile, mais aussi imagée hélas inabordable pour le péquin moyen. Et c'est là que le bât blesse. Ce livre s'adresse d'abord à une tranche d'intellectuels qui n'achète pas de romans de gare.
Pour avouer, j'ai moi-même eu du mal à entrer en phase avec ce texte, malgré l'attrait du sujet, du scénario, de l'intrigue. Au-delà d'un prologue interminable qui situe l'unité de lieu, Moleenbeck et son environnement (connu pour avoir été un foyer du terrorisme en Europe), Kenan Görgün nous fait entrer dans le cerveau de deux êtres perdus, déracinés socialement et familialement. Deux hommes jeunes sortis de prison. le premier Brahim a été l'un des cerveaux d'un attentat terroriste sur la Grand Place de Bruxelles, l'autre pour une rixe dans un bar et un tabassage en règle d'un homme qui « ennuyait » verbalement sa compagne du moment. Ancien militaire, Xavier a une grosse dose d'agressivité sinon de brutalité qu'il régule dans des sports de combat. Les deux êtres vont se trouver et s'apprécier derrière les barreaux et le premier va endoctriner le second. Converti, à sa sortie de taule, Xavier devenu Abu Kassem va devenir le bras armé de Abu Brahim en liberté conditionnelle pour vice de procédure (difficile de croire à une telle chance). Mais nanti d'un bracelet électronique et peu libre de ses mouvements puisqu'il ne peut sortir qu'une seule heure par jour de 17 à 18 heures.
De ce scénario qui doit aboutir à un nouvel attentat sanglant : « en comparaison, le 11 septembre sera l'enfance de l'art, » et permettre à Abu Brahim de savoir dans son réseau qui l'a trahi ou, éventuellement, pourquoi on l'a abandonné, K.G. se sert pour écrire une thèse, sa thèse sur l'extrémisme, le Djihad, les actes terroristes. C'est ainsi une litanie (diarrhée ?) philosophique, sur le pourquoi et le comment. Des pages et des pages parfois (souvent) ennuyeuses qui prennent le pas sur l'action parce que trop cérébrales. Des chapitres (qui se différencient par une composition en italique) en analepses aident à avancer vers un dénouement qui ne sera pas, bien entendu, celui que les deux personnages centraux avaient envisagé. Les 109 dernières pages du livre 3 laissent ainsi la place (enfin) à l'action après les réflexions et la fin sera dramatique. Les aphorismes « l'arroseur arrosé » ou « est pris qui croyait prendre » prennent toute leur importance. A un moment de son oeuvre, K.G. parle « d'un Docteur Jekill qui ne sera jamais totalement un Mister Hyde et inversement. » Il s'agit là du propos majeur du roman. Ebranlés dans leurs convictions et devenus victimes colatérales, Brahim se souvient alors qu'il a - pratiquement - assassiné le père et ruiné mentalement sa famille et Xavier qu'il a perdu la seule personne qui comptait.
Ce livre est le premier tome d'une trilogie. Malgré ses qualités, je ne sais si ses défauts m'inciteront à prolonger un exercice de lecture très (trop) ardu.
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