La Compagnie Gambalo, la Foire du Livre de Bruxelles, l'Adeppi, avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles , la CAAP et Gsara, ont réalisé le projet Billets d'écrits : cinq auteurs et autrices - Kenan Görgün, Patrick Delperdange, Valérie Cohen, Philippe Gustin et Philippe Raxhon - ont proposé une consigne qui a été développée au cours d'ateliers d'écritures menés par Nicolas Swysen dans cinq prisons francophones. A l'issue de ces ateliers, les détenu.e.s ont pu rencontrer l'auteur ou l'autrice, échanger autour de leurs productions et faire dédicacer les ouvrages que La Foire du Livre, Ker Editions et J'ai lu avaient offerts.
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Nous ne continuons à vivre par les autres que si nous avons pu leur laisser un souvenir par lequel nous garder vivants.
Aimer l'absence de la chose plus que la chose elle-même amena nos parents, et par incidence leurs enfants - notre génération - à chérir une idée de la Turquie plus que la Turquie elle-même.
Dans leurs villages, des gens qui, chaque jour, se sont croisés, salués, ont partagé le thé, le travail aux champs, le gardiennage des troupeaux, ont fumé ensemble des cigarettes fabriquées à partir de restes de tabac plus prestigieux, allongés sous un arbre ou assis devant l'unique petit café du bled, qui ont chaque matin ouvert les yeux sur le même paysage, dont ils connaissaient chaque arbre, chaque sillon de la terre qui se transformerait en ruisseau lors de fortes pluies, et se sont endormis la nuit aux aboiements des mêmes chiens, avec dans les muscles la fatigue de corvées familières, se retrouvent dispersés sur plusieurs pays du jour au lendemain. Ils partent en exil comme on se jette d'un navire qui sombre.
L'économie mondiale, ce sport de combat ayant le fric pour trophée, a bouleversé des existences, provoqué colonisations et transhumances. Et ensuite on a demandé à la culture de trouver les justifications, les discours conciliants, les circonstances atténuantes (...)
Dans un système marchand mondialisé, c'est le dernier moyen de sauver quoi que ce soit : en faire un produit de consommation. Si tu échoues à mettre un code-barre sur ta culture, elle disparaîtra.
Ce que j'essaie de te dire, Yadel, c'est que l'amour seul fait vivre. Qu'importe d'où il vient. Il ne vient pas toujours de là où tu l'escomptes, ni même de là où tu es en droit de l'attendre. Mais il est là, dans le monde, et il y en a assez pour nourrir tous les êtres. Sors et va à sa rencontre. Si tes parents ne sont pas capables de t'aimer, d'autres sauront te donner leur amour...
Est-ce que la haine c'est l'absence d'amour, ou autre chose encore ? Et qu'est-ce qui est le plus grave ? Qu'est-ce qui est le plus difficile à vivre, à endurer, qu'est-ce qui est, à la longue, le plus destructeur : la haine ou l'absence d'amour ? Et quelqu'un qui hait peut-il encore réaliser qu'il vit non seulement dans la haine mais aussi dans l'absence d'amour ?
Comme un ingénieur réduit à casser de la pierre, un pilote devenu bagagiste, un Nobel de littérature rédigeant des modes d'emploi, ils ont été dépossédés de talents autrefois précieux et de l'estime qui leur venait de la reconnaissance.
D'un monde devenu global, où la marchandise obtient un passe-droit international, nous sommes en train de faire un monde qui sélectionne, trie et exclut les êtres humains.
Le Rudolph Valentino de la Criminelle de Baltimore vient d'entrer dans la danse ? Ce George Clooney du holster, prêt à tomber la ceinture à la moindre jupette. Cet Antonio Banderas buveur de rhum qui a la réputation de haïr les fédéraux autant que les fédéraux se haîssent entre eux ! Enfin, y a-t-il plus déprimant que de voir ce descendant de Serpico collectionner les distinctions de l'Académie et envoyer ses petites amies les recevoir en son nom !
Son rire ressemble à une gorgée de bière avalée de travers.