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Critique de Fleitour


Un Secret de Philippe Grimbert, "ce livre serait sa tombe, ce livre sera sa délivrance" .


C'est la famille Grimbert toute entière qui vient à nous dans ce livre de la délivrance.

Philippe Grimbert affronte le passé de sa famille, cette mise à nu est devenue nécessaire autant pour le psychanalyste, que pour lui, maillon de cette famille qu'il nous fait découvrir, à 56 ans, « leur trouble », leur flou comme leur clarté, un voile qui se déchire.

"Depuis que je pouvais les nommer, les fantômes avaient desserré leur étreinte: j'allais devenir un homme.”, comprendre et pouvoir les aimer enfin, tel est le dessein, de Philippe Grimbert dans ce récit, délivrer son père du poids de sa culpabilité, incapable qu'il est de dire, qui et pourquoi ils sont partis, qui manque à l'appel...

L'enfant ne juge pas, il veut seulement chérir son frère, il a deviné, puis imaginé, pour le faire vivre à ses côtés, son double encore plus fort et plus beau, il déambulait “son nouveau compagnon, Sim.
Oú étais-je allé lui chercher ce nom? Dans l'odeur poussiéreuse de sa peluche? Au détour des silence de ma mère, dans la tristesse de mon père? Sim, Sim ! Je promenais mon chien dans l'appartement et je ne voulais rien savoir du trouble de mes parents, lorsqu'il m'entendaient l'appeler.”

Le passé n'est pas trahi seulement occulté, simplifié comme si l'enfant ne devait pas souffrir, cette souffrance que ses parents taisait, émergeait dans leurs yeux, Philippe la voyait, trop peut être,”il s'écorchait aux barbelés d'un enclos de silence.”

C'est Louise la fidèle amie de la famille qui craque la première, comme ces parents qui, en vous voyant fondent en larmes, sans raison, rien que de vous voir, quand la passé remonte si fort!
“Le lendemain de mes quinze ans, j'apprenais enfin ce que j'avais toujours su. J'aurais pu moi aussi coudre l'insigne à ma poitrine”.
“Jour après jour, au fil de nos rendez-vous, Louise tournait pour moi les pages d'un livre que je n'avais encore jamais feuilleté. J'entrais avec elle dans la tourmente que mes parents avaient traversé en sa compagnie.”

J'apprenais à aimer Hannah la timide, la mère parfaite, et Simon ce frère que j'avais tant attendu, je découvrais leur passé et leurs souffrances. “J'offrais enfin à Simon la sépulture à laquelle il n'avait jamais eu droit. Il allait y dormir, en compagnie des enfants qui avaient connu son destin, sur cette page portant sa photo, ses dates si rapprochées et son nom, dont l'orthographe différait si peu du mien. Ce livre serait sa tombe.”

Puis la mort de notre chien fut l'occasion d'un nouveau retournement : je venais de délivrer mon père et ma mère de leur secret.

Le choix de “aime au lieu de haine”, se déploie dans ce roman familial avec une vérité et une pudeur extrême. Parler, exprimer la douleur, et faire revivre les épisodes de la guerre, les éclairer de façon singulière, était un défi littéraire.
C'est avec un style épuré, sobre presque austère que Philippe Grimbert réussi son pari, nous émouvoir sans fioritures sans larmes inutiles.

L'auteur lui aussi ne “succombait plus sous le poids de ce silence, il le portait et il étoffait ses épaules.”

Un très beau livre, d'une très grande tenue, donné maintenant à lire aux élèves, comme un grand classique.
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