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Critique de SciencesInfuses


Comme il le synthétise dans sa conclusion générale, l'auteur montre que ces théories ont été proposées au cours du temps avant que les éléments de preuves ne soient connus par l'expérience et l'étude. Il en ressort des allers-retours continuels d'une part et une intrication avec le contexte historique dans lequel baigne les théoriciens. Ainsi – par exemple – les réflexions sur les impacts météoritiques et le volcanisme intense sont élaborées après Hiroshima et Nagasaki lorsque les idées sur un potentiel hiver nucléaire émergent. Divisé en 3 parties (Accepter l'extinction ; Expliquer l'extinction ; Intégrer l'extinction), l'ouvrage parcourt ces allers-retours entre faits et théories du XVIème siècle au XXIème siècle. Ce livre n'est pas pourtant linéaire puisque l'auteur, d'une part, montre l'effet cumulatif des faits qui finit non sans heurts par aboutir à un nouveau paradigme et, d'autre part, mélange les périodes de manière très structurée en tissant les liens conscients ou non entre les différentes théories élaborées. Pour la première « non-linéarité », il fait un parallèle avec le cadre théorique sur l'histoire des sciences proposé par Thomas S. Kuhn dans Les structures des révolutions scientifiques. Pour montrer ces phénomènes, l'auteur passe ponctuellement par l'accumulation de courtes phrases -très bien référencées- sur les savants puis les chercheurs partageant ou non l'idée qui s'impose dans le paysage des connaissances. Cette manière de faire alourdit par moment le texte mais elle rend au final assez bien la convergence des points de vue à l'instant « T » tout en ne faisant pas l'impasse sur les dissensions annexes ou profondes. Pour la seconde « non-linéarité », Cédric Grimoult fait la lumière entre les raisons d'une réémergence ponctuelle de certaines idées comme le catastrophisme qui sont, selon les périodes, considérées par la communauté scientifique comme pertinentes et d'autres idées qui finissent par ne plus être que des convictions sans lien avec les faits accumulés. Il est par ailleurs très intéressant de se rendre compte à quel point des idées très ancrées ont pu par moment se révéler dogmatiques, par d'autres être fécondes. Il en est ainsi de la difficulté, encore présente de nos jours, à concilier l'évolution graduelle des êtres vivants et les crises globales subies par la Terre au cours du temps. Comment en effet rendre compte d'extinctions massives sans sembler opérer un retour à la notion de Déluge ? En retournant la question, comment défendre le gradualisme sans risquer de se faire taxer de défenseur de la permanence du monde relative à un certain déisme ? Comment de même proposer un cadre explicatif multifactoriel aux crises sans donner l'impression soit que l'on ne sait pas grand-chose sur tel ou tel évènement, soit que l'on n'ose pas choisir son camp ? Les recherches tout en profondeur de l'auteur permettent au lecteur de naviguer dans ces réflexions des chercheurs dont les postures sont souvent déterminantes dans les manières dont les sciences se construisent.
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