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Critique de ster


Un réalisme social cauchemardesque ?
La quatrième de couverture évoque un cauchemar récurrent d'Ellen, la narratrice, qui assiste à la noyade de sa mère. Et en effet, le lecteur assiste à cette noyade au tout début du livre, cela aurait pu rendre glauque un livre qui peint la misère d'une famille de blancs dans les années 40 dans un état du sud des Etats Unis. C'était du moins ma crainte : une coloration cauchemardesque à une réalité déjà bien dure. Eh bien ouf, si le cauchemar est présent, il n'étouffe pas l'atmosphère générale qui reste pleine de vie, il est part de cette vie où les estomacs crient famine, où les paroles sont rudes et la violence physique fréquente mais où la tendresse se loge comme la chaleur du feu que l'on entretient dans une cabane où le vent glacial de l'hiver menace de s'infiltrer de toute part.

Un monde rude, un regard sensible.
Si la misère est là, on ne la distingue pas de la vie. Ellen, la vieille dame attentive au fonctionnement de sa mémoire, ressuscite volontairement ses souvenirs par des voyages ou les intercepte au vol à l'odeur du chèvrefeuille, elle redevient l'enfant effarouchée qui nous raconte la violence de son père,l'amour éperdu pour sa mère, son rôle dans la maisonnée sous les ordres de sa grande soeur qui seconde la mère aux grossesses sans répit. L'enfant est au service comme les femmes et travaille dur quand le père a cessé de subvenir régulièrement aux besoins de sa famille. le café sucré, les galettes, à défaut de remplir les ventres font partie du quotidien tout comme les corvées d'eau, de linge et de bois à aller chercher dans des haillons pendant qu'il gèle dehors à peine plus qu'à l'intérieur. Les souvenirs restitués par le double regard de l'enfant et de la narratrice âgée naviguent entre les différentes époques de l'enfance en se centrant tour à tour sur les différents personnages hauts en couleur de la famille. Derrière la rudesse des rapports familiaux et sociaux, malgré la vie qui n'est que survie, Ellen recrée avec une grande puissance d'évocation les sensations et sentiments éprouvés, qui n'ont rien à envier à une vie plus délicate ou confortable. Si la vie n'est guère poétique lorsqu'il s'agit de transporter le seau des besoins au petit matin glacé avant de commencer une nouvelle journée de faim tenace, la force d'évocation d'Ellen rend compte de ce qu'est la survie mais aussi de l'amour qui persiste à se frayer un chemin.
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