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Critique de Hansel60


Chaque poète est un rêveur. Mais pas for­cé­ment doux. Voire — comme Laurent Gri­son — lucide. Il sait que « la page bour­soufle / comme un pneu gon­flé d'air / se rêvant cylindre ». Mais c'est bien l'être et non le monde qui y est inséré, sou­mis à « l'ellipse bar­bare de l'énigme ». Si bien que l'image du pneu n'est pas aléa­toire : celui-ci est prêt tou­jours pour d'apparents départs sans pour autant connaître les dévoi­le­ments qui se pro­dui­ront grâce au voyage qu'il engage.
Mais le pneu sym­bo­lise aussi le vide, le creux qui per­mettent d'entendre « le flot­te­ment / irré­solu / des bruits » dont le poète lui-même ne per­çoit que des échos tout en cher­chant aussi la pos­sible per­cée de la lumière.
Le goût des mots et de leurs asso­nances per­met à Gri­son un che­min de dedans qui répond au son de théâtre du monde. le glou­glou de la bai­gnoire jouxte de sèche mémoire le poème qui ne cesse d'avancer entre deux pages, tout en rêvant de pos­sé­der les mêmes dents acé­rées que le chien de Zola. Celles du poète croquent les voyelles. Comme le Pim­pin canin, il tire la langue et tout compte fait, le che­min du poète n'est pas plus pro­bant que celui du chien, chaque fois il revient au pré­sent qu'il croit appri­voi­ser de mots plu­tôt que de recettes.
Dans l'incandescence des lieux et du verbe, le poète « force » le corps à se mon­trer sans osten­ta­tion et tel qu'il est. L'éphémère de l'instant saisi sug­gère de mys­té­rieux et fas­ci­nants « motifs ». La réa­lité et les faits sont là mais laissent pré­sents le rêve, le désir, une forme de fic­tion plus vraie peut-être que le réel et ses entre­croi­se­ments où « les branches se nouent ».
Jean-Paul Gavard-Perret, "lelitteraire.com"
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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