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Critique de le_Bison


Mon histoire commence dans les rues de Brooklyn avec le jeune Kenny Wisdom, tout juste seize ans. Les sixties sonnées, je découvre ce Ringolevio, un jeu grandeur nature qui donnera le titre à la version autobiographique de sa vie, - aparté dans le confessionnal : je n'ai pas tout compris aux règles, mais peu importe, au bout de quelques pages, il n'en sera guère question, si ce n'est que le jeune Kenny fera son apprentissage dans les rues de Harlem. Ce jeu changea sa vie ; alors pendant qu'un de ses copains se faisait descendre par un flic dépassé lui aussi par les règles, Kenny fit sa première grande expérience, shoot d'héroïne. Je me suis dit, intérieurement, que je vais avoir un livre sur les drogués, chouette j'adore ces zombies, sauf qu'au bout de quelques pages, et quelques mois de tôle, le jeune Kenny sortira de son addiction. Il découvrira le vol de haut vol, cambriolant les belles demeures de ses camarades bourgeois, une intelligence hors norme au service du délit. Délice, un roman de gangsters et de délinquance de rues, ça me changera des histoires à l'eau de rose un peu trop fleur bleue que j'ai l'habitude de lire. Au temps pour moi, pour les effractions cela tourne court, long courrier, je m'envole avec Kenny vers d'autres horizons de l'autre côté de l'Atlantique. Kenny a l'intelligence de fuir avant de replonger dans les sombres cellules de bas quartier.

Amsterdam, puis Paris en pleine rébellion algérienne, il file vers les Alpes et l'Italie, la Dolce Vita et Cinecitta. Je le découvre ainsi cinéaste amateur, lettres de noblesse à l'école de cinéma, et lettre à ses parents pour les rassurer, vous allez voir, papa maman, je suis un gars bien, je vais devenir quelqu'un, ne vous inquiétez pas pour moi. Et là, je le vois déjà dans ma tête tourner avec les plus grands, devenir le nouveau Fellini, le nouvel Argento. Parce que son premier film remporta même un prix, mais une telle vie ne se raconte pas dans un obscur billet tel que celui-ci. Alors, on rentre à la maison, ou plutôt sur la côte Ouest, là où l'herbe est de meilleur qualité, flower power, les hippies ont les cheveux longs et les maisons bleues sont adossées aux collines, San Francisco. Et toujours tambour battant, la vie suit son cours, tel le cours d'une rivière impétueuse. le jeune Kenny Wisdom se rebaptisera en Emmet Grogan et une idée fumeuse lui vient : aider simplement le peuple. Et dans le genre, on ne fait pas mieux que de prendre deux grosses marmites, de faire une soupe de légumes et de carrés de boeufs volés, s'installer dans un parc et inviter tous les gens à venir avec leur bol, distribution gratuite. En même temps, il fonda les fameux « Diggers » de San Francisco, et nul doute qu'un gars en salopette a suivi ses actions pour fonder sa cantine populaire, une cantine du coeur. Emmett y mettra énormément de coeur à cet ouvrage, tout en gardant surtout cette règle primordiale et essentielle, l'anonymat.

Voilà, je n'en dis pas plus, ce n'est qu'un maigre aperçu de sa vie, une vie jouée à fond. Maintenant entre les distributions gratuites de nourriture, viendront les premiers concerts gratuits, ce concert de charité et de bonnes causes qui perdurent encore de nos jours, - Emmett avait tant d'idées à mettre en avant pour son peuple, avec les plus grands noms de cette scène – nous sommes en plein « Summer of Love », Janis Joplis est là, cette perle cosmique venue avec son Big Brother and the Holding Company, sans oublier la barbe et les lunettes de Jerry Garcia, toujours présents dans ces rencontres avec le Grateful Dead. Cette musique a une place importante dans cette ville, dans la vie d'Emmett, mais surtout pour le peuple de San Francisco. Quand San Francisco se lève, Emmett épluche des tonnes de patates, de poireaux, de carottes, vole des carcasses de boeuf à l'abattoir, désosse des poulets, distribue des milliers de repas... Il veut des hôpitaux gratuits, des logements gratuits, une entraide mutuelle, une vie au rythme du coeur, sans temps morts. Une vie bien remplie, une vie à fond. ET j'ai envie de dire, quelle putain de musique, quelle putain d'été, mais surtout quel putain de bonhomme cet Emmett Grogan. J'ai énormément appris sur lui, sur cette période, sur l'âme humaine.
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