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Critique de gabb


Elle s'appelle Sonja (ou peut-être Randi ?), et lui n'a pas de nom.
C'est lui qui raconte et c'est elle qui intrigue...
Énigmatique, insaisissable, elle apparait un beau jour de 1977 au guichet de la Gare Centrale de Copenhague, puis disparait pendant 15 ans. Quand le hasard les réunit à nouveau, le temps a passé mais Sonja n'a rien perdu de son mystère.
Par bribes, un secret après l'autre, elle se confie à lui qui n'attendait que ça, elle lève doucement le voile sur son passé, et nous voilà revenu au début des années 70, en pleine mouvance révolutionnaire d'extrême gauche, tendance "bande à Baader".

La jeune Sonja, tout juste sortie de l'adolescence, réside alors en Allemagne : elle est aux premières loges pour assister à la montée en puissance de l'insurrection armée contre l'ordre capitaliste. Naïve et idéaliste, grisée par sa liberté toute neuve, Sonja se retrouve traversée par "ce sentiment profond d'être en transit, pas encore écrasée par ces choses aussi encombrantes que sont une histoire personnelle, une personnalité, une identité". le hasard (encore et toujours lui) va mettre sur sa route des individus par forcément recommandables, dont le souvenir la hantera longtemps...
Prise de conscience tardive, remords, culpabilité, soif d'absolution : autant de sujets délicats que l'auteur aborde avec une certaine pudeur et un joli sens de la formule.

L'écriture tout en retenue de Jens Christian Grøndahl, que j'avais déjà beaucoup aimée dans Les Portes de Fer pour sa finesse et sa légèreté, se prête en effet parfaitement à ce subtil jeu d'effeuillage, fait de révélations et de dissimulations, d'aveux et de non-dits.
L'écrivain danois excelle décidément dans l'art de peindre le doute, le flottement, l'errance, la confusion des sentiments.
Il nous offre là deux personnages atypiques et prompts à l'introspection, dont il dresse des portraits fragmentaires, riches de nuances, d'énigmes et de zones d'ombre.

En la matière, Les Portes de Fer m'a semblé un peu plus abouti, mais je ne regrette en rien cette deuxième lecture de Grøndahl.
Une fois encore, son texte fait la part belle à l'incertitude et à l'impalpable, et j'ai aimé me tenir aux côtés de ces héros pour qui la vie est "une salle d'attente où des voyageurs rassemblés par le hasard attendent que l'histoire passe les prendre".
Plutôt joli, n'est-ce pas ?
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