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Alain Gnaedig (Traducteur)
EAN : 9782070782055
208 pages
Gallimard (03/09/2009)
3.22/5   116 notes
Résumé :
Nous sommes en 1977. Un jeune homme croise à la Gare Centrale de Copenhague une jeune femme, "dégingandée, les cheveux châtains en bataille et le visage angueleux". Il l'héberge quelques jours avant de découvrir qu'elle lui a donné un faux nom - elle s'appelle Sonja et non Randi. Elle disparaît, laissant la clef d'un casier contenant un sac rempli de billets de banque ...
Il la retrouve quinze ans plus tard. Cette fois, Sonja accepte de lui raconter sa vie.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,22

sur 116 notes
Quand le passé pèse comme un couvercle, quand le passé déborde...
Effectivement, il s'agit bien de ça dans ce roman : une jeune fille participe à une opération terroriste, en 1977, en Allemagne. Pétrie d'idéaux d'indépendance et de liberté, c'est vraiment par hasard qu'elle a suivi ce groupement terroriste, tellement par hasard qu'elle ne se rend compte que bien après que l'homme "qui partageait son matelas" est un tueur.
Ce qu'on peut appeler la culpabilité va la ronger, après avoir revu, 15 ans après, notre narrateur, qu'elle avait rencontré ... également par hasard, après l'une des opérations de son groupe.
C'est donc une histoire de hasards, de coïncidences qui font "s'entrechoquer" des personnes qui n'auraient jamais dû se croiser.
Ce choc des rencontres provoque l'action ou la réflexion, mais qu'on le veuille ou pas, il détermine la suite de notre vie.
J'ai aimé ce roman de hasards et de rencontres, de réflexion sur la politique engagée aussi, mais pas au point d'en être passionnée; les héros ne m'ont pas touchée...La jeune femme est un peu trop distante, un peu trop "je-ne-sais-pas-où-j'en-suis-dans-la-vie", ce caractère bizarre m'exaspère, comme le fait d'appeler le narrateur quand ça lui chante pour lui parler du passé; et celui-ci, comme un mouton, accourt l'écouter...
Bref, intéressant pour l'analyse des interactions entre les gens et les évènements, sans plus.
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Jens Christian Gröndahl s'interroge sur le sens de l'engagement et sur ses retombées affectives et politiques , jusqu'à quel point un individu lambda est-il vraiment impacté par des évènements qui se déroulent au loin même si il en a vu les images...
1977, fin de l'été, Copenhague. Il, le narrateur, travaille à la Gare Centrale au service de réservation des hôtels. Elle ,Randi ,danoise, cherche une chambre . de fil en aiguille, de clef de consigne en hébergement, elle disparait...
Quinze ans plus tard, il croise sa route. Sonja et non plus Randi, lui raconte les mois qui ont précédé leur première rencontre , son séjour en Allemagne, sa rencontre avec des activistes rouges.. Quand ils sont extradés puis jugés en Allemagne, Sonja doit faire face à son passé, au rôle qu'elle a joué et à ses responsabilités. Coupable ou pas?
Quand la grande et la petite histoire s'imbriquent ..les interrogations se font nombreuses et ce roman essaie fort habilement d'amener le lecteur à se poser quelques questions .Intéressant.

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Elle s'appelle Sonja (ou peut-être Randi ?), et lui n'a pas de nom.
C'est lui qui raconte et c'est elle qui intrigue...
Énigmatique, insaisissable, elle apparait un beau jour de 1977 au guichet de la Gare Centrale de Copenhague, puis disparait pendant 15 ans. Quand le hasard les réunit à nouveau, le temps a passé mais Sonja n'a rien perdu de son mystère.
Par bribes, un secret après l'autre, elle se confie à lui qui n'attendait que ça, elle lève doucement le voile sur son passé, et nous voilà revenu au début des années 70, en pleine mouvance révolutionnaire d'extrême gauche, tendance "bande à Baader".

La jeune Sonja, tout juste sortie de l'adolescence, réside alors en Allemagne : elle est aux premières loges pour assister à la montée en puissance de l'insurrection armée contre l'ordre capitaliste. Naïve et idéaliste, grisée par sa liberté toute neuve, Sonja se retrouve traversée par "ce sentiment profond d'être en transit, pas encore écrasée par ces choses aussi encombrantes que sont une histoire personnelle, une personnalité, une identité". le hasard (encore et toujours lui) va mettre sur sa route des individus par forcément recommandables, dont le souvenir la hantera longtemps...
Prise de conscience tardive, remords, culpabilité, soif d'absolution : autant de sujets délicats que l'auteur aborde avec une certaine pudeur et un joli sens de la formule.

L'écriture tout en retenue de Jens Christian Grøndahl, que j'avais déjà beaucoup aimée dans Les Portes de Fer pour sa finesse et sa légèreté, se prête en effet parfaitement à ce subtil jeu d'effeuillage, fait de révélations et de dissimulations, d'aveux et de non-dits.
L'écrivain danois excelle décidément dans l'art de peindre le doute, le flottement, l'errance, la confusion des sentiments.
Il nous offre là deux personnages atypiques et prompts à l'introspection, dont il dresse des portraits fragmentaires, riches de nuances, d'énigmes et de zones d'ombre.

En la matière, Les Portes de Fer m'a semblé un peu plus abouti, mais je ne regrette en rien cette deuxième lecture de Grøndahl.
Une fois encore, son texte fait la part belle à l'incertitude et à l'impalpable, et j'ai aimé me tenir aux côtés de ces héros pour qui la vie est "une salle d'attente où des voyageurs rassemblés par le hasard attendent que l'histoire passe les prendre".
Plutôt joli, n'est-ce pas ?
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« Je l'ai rencontrée un été à la fin des années soixante-dix, quand je travaillais à la Gare Centrale, au service de réservation des hôtels. » Une rencontre fortuite qui va marquer durablement le narrateur. La jeune-femme l'intrigue. Elle lui remet la clef d'une consigne puis disparaît. Elle resurgit après quelques jours et lui demande de l'héberger. Il découvre dans ses affaires son passeport. Elle s'est présentée sous une fausse identité. Elle disparaît à nouveau, sans un au revoir.

Il la croise à nouveau quinze ans plus tard dans une rue de Copenhague. Il cherche à la revoir, ressentant le besoin de parler à cette femme frôlée de manière fugace et accidentelle. Sa part de mystère continue de l'intriguer. Elle le renvoie à sa jeunesse, cette période si indécise et si inconsistante de sa vie, et lui permet de prendre conscience de la vacuité de son existence. Ils vont se rencontrer, discuter. Écrasée par le poids de sa culpabilité, elle a besoin de parler, de révéler son secret. Après avoir passé une année à Francfort comme jeune-fille au pair, le hasard l'a mise sur la route de Thorwald, un homme plus âgé qu'elle. Séduite, elle l'a suivi sans rien savoir de lui. Elle a découvert progressivement sa participation à un groupe terroriste révolutionnaire. Elle a choisi de rester et de suivre les consignes qui lui ont été données.

"Les Mains rouges" est un roman sur le poids du passé, la culpabilité, le quotidien auquel il est difficile d'échapper et le hasard qui guide nos existences. Comment parvenir à assumer la responsabilité de nos actes ? Pourquoi des jeunes gens choisissent ils la lutte armée ? Quelles sont ces forces invisibles qui font que vous serez ou non victime d'une balle perdue ? J'ai été happé par le faux rythme de ce récit même si certains passages m'ont parfois rebuté. le roman nous plonge dans une ambiance pleine de mystère avec un narrateur qui parle très peu de lui-même et une femme aux différentes identités - son véritable nom n'est jamais révélé - qui dévoile peu à peu son histoire et ses souffrances. Comme pour certains d'entre vous, le roman m'a fait penser à Patrick Modiano. On y trouve des errances géographiques, une ambiance pesante, des identités floues et une quête d'un passé perdu qui se mue en enquête sur soi.
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Ce roman à la recherche du temps passé à remplir le vide ou à fuir la banalité de jours fades, au prix d'actions insensées, m'a remis en mémoire l'année 1977. J'allais me marier, j'exerçais le métier dont je rêvais, le sens de la vie était évident. C'était les années de plomb en Allemagne, le terrorisme aveugle au nom de la libération des peuples opprimés, le "suicide" des meneurs emprisonnés à la une de Libération.
Il est question de cette page d'histoire contemporaine agitée dans Les mains rouges, mais ce n'est pas l'essentiel.
À nouveau, l'auteur sonde les élans incongrus qui poussent chacune ou chacun à exploser l'ennui d'une existence bien rangée, bien conforme, bien insipide. L'auteur place ses personnages en suspens, exprime leur humeur en phrases sinueuses qu'il faut parfois relire pour en saisir la signification profonde. J'admire la virtuosité d'un précis de philosophie existentielle nourri d'une interrogation constante sur les accidents de la vie, créateurs de rupture d'une normalité endossée plutôt que taillée sur mesure. C'est d'une beauté taciturne, un brin démoralisante .
Je me demande si je pourrai côtoyer encore et encore la tonalité triste d'une écriture si habile à fouiller le coeur d'êtres désemparés face à une oeuvre dont l'ampleur les dépasse : vivre une bonne vie, juste bonne.
















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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ils n'avaient rien dit après le premier baiser. C’était comme si, chacun de son côté, ils avaient pensé qu'il fallait choisir, parler ou s'embrasser, et que le moindre mot les aurait mis dans l'impossibilité d'aller plus avant. De toute évidence, ils le désiraient tous les deux, et même quand ils ne purent aller plus loin, quand ils se retrouvèrent en sueur côte à côte, ils ne dirent toujours rien. Les mots auraient rendu la chose étonnante, car ils auraient été soit trop anodins comparés à l'étrangeté de la situation, soit trop étrangers eu égard à l'intimité soudaine. Aussi longtemps qu'ils se taisaient, il n'y avait rien de surprenant. Tant qu'ils restaient allongés à partager la même cigarette, la situation était ce qu'elle était, ni étrange ni son contraire, ni importante ni insignifiante. Elle avait envie que cela dure, que cela continue ainsi.
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Se sentir enfermé par ce que l'on est, ici et maintenant. Aspirer à quelque chose sans savoir quoi. Les gens souffrent particulièrement de ça, dans le monde occidental. Il reste seulement de petits ajustements à faire et l'on pourra dire que nous avons atteint la société idéale. Tu sais, avec des rampes pour les fauteuils roulants et des ronds-points éclairés même dans les endroits les plus reculés.
Le problème, c'est : et ensuite? Pouvons-nous supporter de ne pas pouvoir aller plus loin? Nous contenter d'aller au boulot tous les jours, et de partir en vacances deux fois par an, à la neige ou sous les palmiers?
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Elle était un envoyé du passé, avant que je sois celui que je suis devenu. À cette époque, j’avais un autre tour de taille, je lisais des bouquins toute la nuit et je n’avais pas encore trouvé la faille dans la société par laquelle je pouvais me glisser afin de m’insérer dans l’ensemble. Sonja me rappelait-elle la liberté ? Non, pas la liberté. Ma liberté était plus limitée alors, à la fois trop abstraite et trop indigente. Il ne s’agissait pas de la liberté, mais de quelque chose pour lequel je n’avais pas de mot. Ce n’était ni la liberté ni ma jeunesse, que je n’ai jamais regrettée car, pendant de longues périodes, elle avait été tellement solitaire et fatiguée. Plutôt quelque chose dans le genre de ce que l’on sous-entend lorsque l’on dit qu’il doit y avoir autre chose. Quelque chose de différent. Oui mais, de quoi ? Du quotidien. Autre chose que ce qui se présente à la première occasion, que ce qui est immédiatement utile. Que le purement matériel. Que la perspective limitée du cadastre et du code postal.
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S'il y avait vraiment un Dieu, s'Il était vraiment si juste et s'Il aimait tous les hommes sur terre, pourquoi écouterait Il davantage les prières d'une personne en particulier ?
Comment pouvait on espérer être l'objet d'une considération particulière quand tant d'autres gens avaient autant de bonnes raisons de croire la même chose ? Qu'est ce qui poussait donc les gens à se figurer qu'ils méritaient, plus que les autres, de passer devant tout le monde dans la queue, simplement parce que leur douleur personnelle était la seule qu'ils étaient capables de ressentir ?
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Sa réalité. Elle n’était pas bête au point de ne pas comprendre que sa réalité était la même pour tout le monde. Elle avait simplement eu la malchance de naître dans un coin de celle-ci où elle se sentait tellement étrangère, comme si elle avait été abandonnée sur une autre planète. Ses rêves ne ressemblaient pas à ceux des autres jeunes filles, elle ne les retrouvait pas dans les magazines, ils ne possédaient pas de contours précis. Elle rêvait surtout de se sentir présente là où elle était, et, au fond, peu importait comment.
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Vidéo de Jens Christian Grondahl
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