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Critique de brigittelascombe


Une femme fuyant l'annonce.... de la mort hypothétique de son fils cadet Ofer ("sa mémoire vivante", réceptacle de ses bons et mauvais souvenirs sur Haïfa) qui s'est porté volontaire, pour une opération près du Guilboa,alors que "l'état d'urgence a été décrété".
"Comment ai-je pu l'envoyer se battre?"
Culpabilité,panique,affolement,désespoir étreignent cette mère juive aimante et possessive.
Son mari Ilan( dont elle est séparée depuis un an) et son ainé Adam sont partis au bout du monde. Alors, pour conjurer le sort, superstitieuse, une idée dénuée de toute logique germe dans son cerveau paniqué: "elle doit disparaître tant qu'il sera là bas" afin de le protéger.
Elle part avec Avram, le père biologique d'Ofer, elle parle de l'avant à travers la Galilée dans un étrange voyage au coeur du "nous" bordé de sources naturelles et de vergers blancs.
David Grossman, relate de façon très émouvante les affres de cette mère trop fusionnelle. Il est d'autant plus en empathie avec son héroïne qu'il a lui même écrit ce livre alors que son fils Uri accomplissait son service militaire dans les blindés (et l'a publié en 2006 après le décés de ce dernier "aux dernières heures de la guerre du sud-Liban.").
Ce roman (prix Médicis étranger 2011) m'a vraiment bouleversée.
Il est un cri. Celui de Münch peut-être au delà de la barbarie.
Le cri d'une mère, oui, mais aussi celui d'une femme qui plonge dans le passé pour comprendre les raisons du pourquoi.
Le cri de l'adolescente qu'elle a été, lorsqu'Ilan,Avram et elle ont scellé leur pacte d'amitié dans un hôpital aux portes de la mort.
Le cri d'une jeune femme qui a tiré au sort celui qui est parti un jour en guerre et en est revenu cassé, souillé, comme mort à l'intérieur de sa coquille.
Le cri d'une amante qui est "l'être vital" de l'autre qu'elle voudrait faire revivre de ses caresses et réchauffer de ses bras, sur fond d'interrogation: l'amour est-il toujours unilatéral?
Le cri de David Grossman (dont le vent jaune a reçu par ailleurs, en 2010 le prix de la Paix des éditeurs et des libraires allemands) pour dénoncer la déshumanisation de ceux qui portent atteinte aux droits de l'homme en soumettant,violant,tuant,torturant.
C'est beau comme un amour plus fort que la mort.
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