AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de patrickdml


J'avoue que je n'ai eu le courage ni le goût de tout lire. Trop, c'est trop ! Un peu plus de la moitié cependant, et les derniers chapitres.

Si connaître parfaitement l'oeuvre de Camus suffit à se prétendre camusiens, ce que M. Guemriche avance, alors oui, je suis d'accord avec lui. C'est un homme très cultivé, au talent de pamphlétaire indéniable, ayant une parfaite connaissance des textes de Camus et de bien d'autres auteurs.

L'auteur étale et utilise son savoir pour accabler Camus de tous les maux. Il ne supporte pas que l'on considère Camus comme celui qui "aurait eu raison avant tout le monde". Il attaque Camus (mort depuis 60 ans et dans l'incapacité de lui répondre) à cause d'une phrase prononcée par d'autres. Il fait un complexe ou quoi ?

Et tout son bouquin est du même acabit. Il pioche ici ou là des phrases (même pas des phrases complètes, des bouts de phrases) et les confrontent avec celles des textes de Camus, au mépris et de la chronologie et du contexte. Il taille, rassemble, colle, comme un enfant qui fait du découpage dans moult magazines. Il marie des analyses contemporaines avec des textes ou des paroles datant de la guerre.

Stimulant son talent de linguiste, il joue en permanence sur les mots et même une seule lettre (ainsi le U). C'est trop facile, trop injuste, trop irrespectueux. Comment peut-il se prétendre camusiens ?

Et ce ton de bateleur de foire, de jongleur de mots, bombant le torse juché sur le bar, n'est-ce pas tout le contraire de la réserve et de la prudence camusiennes ?

Vraiment, je suis outré. Cet abus de références, 242 notes pour 172 pages de textes, pour bien étaler son immense culture, au service de son fiel, affichant un statut de colonisé qui lui sert de piédestal (et de bouclier).

C'est un homme de soixante-dix ans passés qui s'en prend à un gamin de vingt-huit ans (lorsque paraît L'Étranger).

Pour moi, la question de l'anonymat de l'Arabe ne mérite pas de monter ainsi sur ses grands chevaux. D'autres que Guemriche (notamment Kamel Daoud) en font les choux gras. Quant à moi, modeste lecteur, je pense que Camus s'est appuyé sur un fait divers et que, par souci de discrétion ou de respect de la vie privée, il n'a pas cité de nom. Il aurait pu prendre un autre fait divers, mais c'est celui-là qu'il a choisi. Et alors ?, le sujet du roman n'est pas là !

De plus, les pages consacrées au soleil, le rôle du soleil dans le meurtre (sur lequel Guemriche appuie son pamphlet) est un passage développé par Camus sur les conseils de Malraux (voir leur correspondance) qui y voyait là une belle image littéraire. Je suppose que M. Guemriche n'a pas lu cette correspondance (Malraux n'est pas cité dans les références). Ou alors il l'a lue et écartée. Je ne comprends pas qu'on puisse mettre son talent au service du mensonge. Détourner les textes de leur contexte, les amputer, les bricoler, c'est mentir.
N'étant pas polémiste, je ne répondrai à aucune réaction.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten




{* *}