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Critique de Kirzy


°°° Rentrée littéraire 2023 # 31°°°

1924, Irène rencontre Georges, beau comme Rudolph Valentino, dans une guinguette des bords de Marne. Une première fille naîtra, Arlène, quasi en même temps que trois autres enfants, Daniel, les jumeaux Thomas et Marie, nés eux dans des familles très riches dont les mères se lient avec Irène qui travaillent pour eux comme couturière. C'est l'histoire de ces quatre enfants que l'on suit, de leur naissance jusqu'aux années 1960.

Dès les premières pages, le lecteur est pris dans un tourbillon de mots empli de personnages, de détails, d'événements. Cela m'a donné le tournis, j'ai mis du temps à entrer dans cette narration très dense faite de paragraphes compacts et de paroles dialoguées directement insérées dans le corps du texte. J'ai quand même fini par poser mes yeux sur les personnages et leurs parcours.

Jean-Michel Guenassia brasse beaucoup de sujets historico-sociétaux qui dressent un portrait grand panorama d'une France en pleine évolution : l'Occupation durant la Deuxième guerre mondiale, les guerres coloniales d'Indochine et surtout d'Algérie ; la condition féminine, le développement du nucléaire, les débuts du CNRS et du CEA ( Commissariat à l'énergie atomique ), le redémarrage économique des Trente glorieuses, entre autres.

Mais ce n'est pas ce contexte qui guide à proprement parler les pas des personnages, il est là, présent comme une toile de fond discrète mais marquante. Ce n'est pas la politique qui les anime. Ce sont leur famille, leurs valeurs, leurs idéaux. Ce sont leurs émotions qui font avancer le récit : amours, amitié, trahisons, haines, rapprochements, rancoeurs, des montagnes russes sur quatre décennies.

Et c'est Arlène qui constitue le coeur central du quatuor. Un beau personnage de femme, surdouée des mathématiques mais en butte à une société patriarcale doit se battre de façon insensée pour mettre un pied dans la porte et devenir qui elle veut, à savoir ingénieure. L'auteur a le sens des situations et des portraits : Thomas le poète incompris, Marie l'intransigeante, Daniel droit dans sa tête mais déchirée en son coeur, Arlène déterminée et secrète.

Le récit est tellement vivant, détaillé que lorsque Guenassia raconte ses quatre vies dans le siècle, on a l'impression que ce sont des biographies placées sous le signe du Destin. A Dieu vat, locution utilisée par les marins pour annoncer que le bateau va virer de bord et se positionner face au vent. Et les personnages vont souvent devoir virer de bord pour affronter avec dignité un destin qui se joue d'eux, parfois cruellement, y compris sur la génération suivante.

Reste qu'une fois ce copieux roman choral refermé, j'ai eu du mal à savoir si j'avais vraiment apprécié ma lecture, à la hauteur d'autres romans de l'auteur. Plusieurs semaines après, il me reste une sensation de trop plein qui m'a empêchée de réellement fixer les péripéties et de m'attacher aux personnages. le tournis initial ne s'est en fait jamais totalement dissipé, malheureusement.
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