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Critique de POY1


Paroles de Poilus, par son principe, est identique à un autre ouvrage, que je vous conseille, moins connu, dont le titre est Ce qui demeure de Jacques Benois-Méchin. Les deux livres rassemblent les correspondances des soldats au front de 1914 à 1918. Lettres écrites en majorité par des Poilus, mais vous en trouverez également des allemandes.

Ce qui frappe dans ce livre, c'est l'humanité qui transpire de ces échanges. Des hommes qui vivent, ou plutôt qui survivent, dans un enfer et tentent de garder l'espoir en se raccrochant à l'amour qu'ils éprouvent pour leur épouse, enfants, soeurs ou frères, parents. Ils extériorisent leurs angoisses alors qu'autour d'eux tout n'est que mort et destruction. Ils essayent de rassurer leurs proches alors qu'eux-mêmes sont étreints par la peur et qu'ils se demandent si c'est à leur tour de s'effondrer lors de la prochaine attaque.

Ce sont des témoignages poignants pour le lecteur du XXIème siècle que je suis. Je me demande comment j'aurais fait à leur place sur le champ de bataille.

Grande guerre par le sacrifice de ces hommes, elle reste une boucherie inimaginable qui influencera les années qui suivront. Alors que nos sociétés sont devenues individualistes, matérialistes et consuméristes, combien de temps pourrions-nous résister dans de pareilles circonstances ?

De tous ces témoignages, je retiens la dernière lettre du lieutenant Henri Valentin Herduin. Se battant avec bravoure avec sa compagnie mais encerclé par l'ennemi qui avait décimé 80 % de ses hommes, il réussit à rompre le contact, ramenant avec lui le peu de soldats qui lui restait. Son colonel affirma qu'il avait fui devant l'ennemi et envoya le lieutenant Herduin devant le peloton d'exécution. Herduin, en homme intègre, commandera lui-même le peloton pour finalement être réhabilité en 1926. Quel gâchis !

Pour conclure, je reprendrai une citation de Pierre Miquel extraite des Poilus « ils ont donné sans le savoir une leçon au monde d'aujourd'hui : leur courage imprévisible, leur acharnement à survivre ont pu avoir raison paradoxalement de la guerre industrielle, celle qui les considérait comme un matériel parmi d'autres...Ils ont appris à mourir pour rester simplement des hommes. »

Ils ont fait ce qu'ils estimaient être leur devoir, tout en restant dignes de ce qu'ils étaient, c'est-à-dire, des hommes. Aussi, je m'incline devant la mémoire de ces Poilus (dont l'un était l'un de mes arrières grands oncles, mort au combat dans les Vosges, et l'autre mon arrière-grand-père qui sera en captivité lorsque sa femme mourra de la grippe espagnole).
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