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Critique de princessecop


Bonjour à tous et à toutes,
En ce beau dimanche de juillet, un autre retour de lecture, un livre de Catherine Guérard "Renata n'importe quoi" aux Editions le chemin de fer en 2021.
On ne sait rien ou si peu de Catherine Guérard. En 1967, elle publie "Renata N'importe quoi " chez Gallimard en lice pour le Goncourt. On dit qu'elle a été journaliste, qu'elle a écrit des nouvelles, qu'elle s'intéresse à la musique...Sa trace se perd après la parution de Renata, en écho au destin de son héroïne obsédée par le quête d'une liberté absolue et impossible. A ce jour personne ne sait nous dire ce qu'elle est devenue.
Un court extrait du livre : alors leur vie ne leur appartient pas, ils obéissent au temps, et j'ai pensé Moi je suis mieux qu'eux, ma vie m'appartient, je n'ai pas un patron qui possède ma vie, c'est horrible ça, j'ai pensé, d'avoir une vie qui n'ai pas à soi, c'est des fous ces gens, j'ai pensé, pour avoir de l'argent, ils vendent leur vie à quelqu'un d'autre, comme si on vivait mille ans, comme si on vivait deux fois.
Catherine Guérard nous emporte dans le monologue de son héroïne, bonne à tout faire, qui décide un jour de quitter ses patrons pour devenir "une libre".
Ce sont trois jours et deux nuits d'errance, à marcher dans les rues, s'asseoir sur les bancs, regarder les passants et écouter les oiseaux. La narratrice va se confronter à un monde qu'elle semble découvrir au fur et à mesure qu'elle l'arpente, un monde qui la rejette systématiquement, elle dont la liberté ne peut souffrir aucune entrave.
Le plus saisissant dans ce roman est la réussite magistrale d'un parti pris formel : une seule longue phrase ponctuée de quelques virgules et majuscules judicieuses. le flot du texte emporte le lecteur dans les ressassements et les obsessions d'une pensée pleine de candeur mais toujours déterminée et dangereusement radicale.
L'auteur joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule) pour rendre à l'écrit le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. Quel dommage que ce beau texte trop peu connu n'ait pas été adapté pour le théâtre.
Elle a écrit un roman qui défie l'imitation et décourage la comparaison : elle nous est réapparue comme sur un îlot, surprenante, souriante et secrète. Elle évoque aussi la dépendance (le pendant de la liberté) et la solitude. Il existe aussi une forme d'urgence et d'agitation qui est rendue possible par le style et la vie de ce personnage féminin.
Une remarquable maîtrise du rythme et de la narration.
Bravo Catherine Guérin pour ce roman qui sort des sentiers battus. Mariaclara Baucere
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