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Critique de boudicca


On ne retient généralement du règne de Charles IX que le tristement célèbre massacre de la Saint Barthélemy au cours duquel tous les protestants de la capitale, puis des provinces, furent implacablement pourchassés et assassinés par les catholiques. Mais est-on bien sur de savoir qui se cache derrière cette tragique décision ? Un roi cruel, ou au contraire un roi faible, totalement soumis au bon vouloir de sa mère, l'impressionnante Catherine de Médicis ? C'est cette dernière interprétation qui est ici privilégiée dans cette adaptation en bande dessinée du roman de Jean Teulé. Richard Guérineau nous livre un ouvrage très réussi, dans lequel la comédie se mélange au drame. le ton employé est souvent très cru et volontairement moderne afin de créer un certain décalage avec le contexte et les personnages mis en scène, ce qui ajoute une touche d'humour supplémentaire au récit. Et cela fonctionne plutôt bien, même si, paradoxalement, on ne peut s'empêcher de se laisser émouvoir par l'histoire tragique de ce jeune roi (il n'est âgé que de vingt-trois ans à sa mort), pris dans un engrenage dont il ne parvient pas à sortir depuis sa regrettable décision de la Saint Barthélemy. On le regarde ainsi sombrer peu à peu dans la folie, tiraillé par des remords et hanté par cette couleur pourpre qui ne le quitte presque jamais et qui le fait apparaître davantage comme un être perdu que comme un roi sanguinaire qui massacrerait ses sujets à la pelle.

Comme dans la plupart des romans de Jean Teulé, on retrouve ici de nombreuses anecdotes historiques très croustillantes et qui permettent de mêler la petite histoire à la grande. On apprend ainsi l'origine du premier de l'an (qui se déroulait alors en France au moment de Pacques), sur l'apparition de la tradition des poissons d'avril et du muguet... On pourrait cela dit regretter que certains personnages soient mis en scène de façon aussi caricaturale, à commencer par la reine-mère et Henri d'Anjou (le futur Henri III) qui apparaît ici comme un efféminé ambitieux et arrogant. On pardonne cela dit bien vite ces petits défauts à l'ouvrage, notamment en raison de l'ironie mordante dont fait preuve l'auteur, que ce soit par le biais des dialogues ou bien de la façon grotesque dont il présente les situations les plus sérieuses (à commencer par la toute première scène dans laquelle les conseillers du roi le presse d'autoriser le massacre des protestants de la capitale en augmentant d'une phrase à l'autre le nombre de victimes nécessaire). Un mot, enfin, sur les graphismes qui sont eux aussi à la hauteur et qui évoluent en fonction des changements d'ambiance afin de coller au plus prêt au ton du récit : plus enfantin quand il est question de la puérilité du comportement royal (notamment en ce qui concerne la chasse), plus sombre sur la fin, alors que l'on assiste à l'agonie du roi.

Une adaptation très réussie du « Charly 9 » de Jean Teulé dans laquelle l'auteur parvient habillement à mêler humour et drame à travers l'histoire de ce roi décrié dont on découvre les tourments et les errances. Un ouvrage qui vaut le coup d'oeil, tant du point de vue scénaristique que graphique.
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