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Critique de gruz


Comme à son habitude, des événements bien réels ont servi à Laurent Guillaume pour construire sa fiction. L'Afrique au centre, pays qu'il connaît si bien pour y être intervenu dans ses fonctions durant de longues années. Autant dire que tout sonne vrai.

Sierra Leone, 1992, en pleine guerre civile qui fera près de 200 000 morts. Sans parler de toutes les personnes mutilées et violées. Terrible terreau qui servira de terrain à ce roman qui ne peut laisser indifférent.

Crimes contre l'humanité, crimes de guerre. Des termes parfois abstraits que l'auteur va rendre concrets à travers le récit d'un des nombreux enfants soldats enrôlés de force, déshumanisés, drogués, violentés. Pour les pousser à faire de même, encore et encore.

1992, Neal Yeboah, douze ans, était un gamin plein de vie et d'avenir. Brisé brutalement. En parallèle, dans le livre, de nos jours, une journaliste de Mediapart se retrouve embarquée dans une série de meurtres étranges, débutés en Suisse. L'histoire se mêle de l'Histoire pour relier les époques et les drames, à travers le monde.

Ceux qui achètent des diamants se rendent-ils compte qu'ils sont éclaboussés de sang ? Veulent-ils vraiment le voir ?

L'écrivain utilise la fiction et le thriller pour raconter un sujet de fond. Il a pris le parti de ne pas noyer son récit dans trop de considérations géopolitiques, pour se focaliser sur les personnages, tout en donnant suffisamment d'éléments de contexte. Ce sont eux le sel de l'histoire (et le sel sur la plaie…). Ce sont eux qu'on va suivre durant ce voyage dans le temps et dans l'enfer qu'ils vont vivre.

Laurent Guillaume a voulu que sa narration soit accessible, dynamique, émotionnellement engagée. C'est réussi. On rentre rapidement dans l'essentiel, ferré de suite par les gamins de 1992.

La fiction est un moyen très efficace de s'impliquer dans des sujets et des situations qui nous font mieux comprendre le monde. Celui des guerres civiles africaines est sale, très sale. Et le double jeu d'une partie des occidentaux l'est tout autant…

L'écrivain n'oublie pas qu'on attend aussi de lui matière à thriller. Il sait prendre son temps quand il le faut (le roman fait près de 500 pages), et accélérer au bon moment. le final est très réussi, prenant, surprenant, bien joué.

Un coin de ciel brûlait, consumant les corps et les âmes, chauffant au rouge les relations humaines. L'Afrique qu'on carbonise et qu'on vide de ses ressources est une scène de crime contre l'humanité. Il faut l'intégrer pour comprendre notre monde.

Laurent Guillaume a construit un roman noir qui laisse des traces, qui violente parfois le lecteur, qui l'enrichi aussi. Qu'on n'a pas envie de lâcher, preuve que son récit est aussi intéressant que poignant. L'une de ses plus belles réussites, que je classe auprès de "Doux comme la mort".
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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