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Critique de Flo_herisson


Petites dents, grands crocs

« Petit chat, petit loup, petit tigre, petit ours.

Petites dents, grosses dents, petites griffes, grosses pattes.

Petite souris, petites pattes, petit chiot, petits crocs »

Comptine hypnotique que chantent de concert Pierre et Thomas, mari et fils de Sarah. Un refrain lancinant sur un rythme binaire qui scelle une complicité dont elle se sent exclue.

« A manger ! A manger !

Du bon, du gras, du lait !

Sinon je vais te manger

Sinon je vais te dévorer »

Paroles enfantines aux inflexions cruelles qui peu à peu l'isolent et la plongent dans la méfiance et une forme de folie.

Pourtant, elle a tout pour elle Sarah Barry. Un job passionnant où elle est reconnue, un fils adorable, et un mari modèle à qui tout réussit. Mais quand elle décide de prendre un congés sabbatique pour écrire un roman la machine se grippe. Peu à peu s'abat sur elle une fatigue irrépressible et elle sombre dans une paranoïa inquiétante. Certes, elle n'a jamais été comblée par la maternité, mais plus que jamais ses obligations de mère lui pèsent. Et son mari, est-il aussi bienveillant qu'il le laisse paraitre ? Début d'un voyage angoissant impossible à lâcher…



Ecrit à la première personne ce livre est une plongée dans les pensées intimes d'une femme au bord du gouffre. Une femme qui sent que sa vie lui échappe et qui oscille entre dépression et folie. Avec elle on est perdu entre incohérence et incompréhension et, au fil des pages, on ne parvient plus à discerner délire et réalité. L'angoisse monte, en même temps que l'inquiétude et le doute quant à l'origine de ses maux, jusqu'à un final stupéfiant. C'est habile et déstabilisant mais c'est surtout glaçant. Car ce livre, qui frôle parfois avec le fantastique, c'est surtout une réflexion sur le couple, la famille et la maternité, quand ceux-ci ne sont pas une évidence, quand ils viennent étouffer l'individualité, quand ils viennent la vampiriser. Métaphore du vampire habilement filée tout au long de ce livre où le sang est omniprésent, comme pour souligner l'effacement de la femme derrière l'épouse et la mère. Une femme vidée de sa substance, effacée, niée par les hommes autour d'elle qui aspirent sa force vitale, puisent son énergie pour s'en nourrir, comme des sangsues maléfiques.

Un livre choc sur les pensées inavouables d'une femme à la dérive. Surprenant et saisissant.

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