AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Pecosa
27 septembre 2018
Le bon camp, roman noir, est un bel hommage à Simonin, à André Hélena période Les salauds ont la vie dure, et surtout à Alphonse Boudard, quand il dépeignait avec tout le talent qu'on lui connaît le Milieu et les demi-sels ou quand il dénonçait les résistants de la dernière heure acclamant De Gaulle sur les Champs-Elysées après avoir adoré Pétain pendant quatre ans.
L'historien Eric Guillon manie une langue qui claque, faite d'argot et de langage populaire avec une authenticité qui coule de source comme le Viandox dans les bistrots pendant l'Occup'. Le bon camp offre un vrai bon moment de lecture. Seulement trois lecteurs sur Babelio, j'entrave que dalle, alors autant vous affranchir, c'est de la came premier choix.

Le roman s'ouvre sur un scène de torture. Dans une cave de la Casbah d'Alger, en 1961, un Français nommé Jo Mat est torturé par des fellaghas. Il sait qu'il va mourir et voit défiler sa vie. Et quelle vie ! Abandonné par sa mère chez ses grands-parents, élevé par un grand-père végétarien et anarchiste, ouvrier typographe, il adhère très jeune au parti communiste, s'engage dans les Brigades Internationales. Fiché comme défaitiste pendant les combats de 39-40, il est interné en tant qu'indésirable au camp de Gurs d'où il s'évade après avoir tué un garde. Résistant de la première heure, passeur, contrebandier,, condamné à mort par le parti communiste, il est approché par les services de renseignements, différents réseaux de résistance, par des voyous dont les affaires fleurissent pendant l'Occupation. Les fréquentations de Jo pendant la guerre, son parcours, ses démêlés avec la justice sont symptômatiques d'une époque particulièrement trouble dans laquelle les acteurs jouent sur deux voire trois tableaux, par conviction, par intérêt ou par désir de survivre. Mais Jo Mat n'est pas Lucien Lacombe, qui trouve porte close dans la résistance et rejoint par dépit la Gestapo française. Il sera toujours fidèle à ses convictions. Son parcours est plutôt tributaire de ses amours, de ses amitiés, de ses rencontres. Malgré tout, dans cette cave sordide où on le torture, il se demande s'il a fait les bons choix, a choisi le bon camp.

A travers le parcours de cet homme, Eric Guillon restitue les belles années du Milieu dans toute leur complexité, donnant à voir le jeu des alliances, les compromis, les petits arrangements entre amis. Voyoucratie, collaborateurs, décorés de l'après-guerre…on trouve dans le bon camp l'univers de la pègre, des truands, la Carlingue, les Henry Lafont, Abel Danos-le Mammouth, Spirito, Georges Boucheseiche, Jo Attia…. mais aussi le commissaire Blémant du contre-espionnage, des républicains espagnols, des membres du réseau Marco Polo.
Guillon nous promène dans les clubs et les bordels où les affaires fleurissent, car tout se paye, les papiers, les vies, la matière première. Tout s'achète donc, et tout le monde est à vendre. Et dans ce marigot, Jo Mat se dépatouille comme il peut , courageux toujours, combatif, amoureux souvent. « Finalement, j'ai jamais été du bon côté de la barricade. » constate-t-il désabusé.
Quoiqu'il en soit, le lecteur lui ne peut que se passionner pour cette vie chaotique et périlleuse.
Commenter  J’apprécie          637



Ont apprécié cette critique (57)voir plus




{* *}