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Critique de ClajaB


L'intention qui sous tend le roman est louable (pour faire court, un monde sans guerre dans lequel les êtres humains comprendraient enfin qu'ils sont tous « frères »), mais est-ce suffisant pour que j'apprécie un roman? Vous avez compris que la réponse est dans la question. Malgré un ensemble cohérent et un projet séduisant, j'ai un certain nombre de réserves concernant ce roman.
Comme son titre l'indique, il concerne Zamir, personnage principal et central du récit. Zamir a été abandonné à sa naissance par sa mère dans un camp de réfugiés en Turquie à la frontière turco-syrienne. Alors qu'il n'a que 6 jours, l'explosion d'une bombe le défigure à vie. Zamir est un enfant et futur adulte sans visage qui ne peut montrer aucune émotion. Pas même pleurer ou rire.
Nous suivons deux fils narratifs, celui du passé et celui du présent:
les chapitres alternent entre le passé de Zamir (les circonstances de sa naissance, de l'attentat et son enfance) et le présent. Zamir a été élevé par l'organisation humanitaire responsable du camp de réfugiés qui l'a recueilli, sous la tutelle de la directrice du camp.
Dans le présent (le futur de notre monde actuel ou d'un monde alternatif, la question peut se poser, mais un monde alternatif qui a la même Histoire que le nôtre), nous le suivons dans sa vie quotidienne c'est-à-dire en mission, car Zamir n'a pas de vie privée, sa vie est consacrée à son rôle de « présentateur » d'une organisation non gouvernementale. Il est une sorte de conciliateur, de médiateur international qui manoeuvre en coulisses pour empêcher des conflits d'éclater dans le monde, et ce, par tous les moyens.
Il n'est pas le seul « présentateur », il a sa zone de compétences.
Ce qui permet à l'auteur de ne traiter que de certains pays.
« Zamir » est un roman politique. C'est un roman de politique fiction très très politique. Ce qui n'est pas un défaut en soi mais j'ai eu l'impression que la politique prenait le pas sur la fiction, que la fiction n'était qu'un prétexte. Et j'ai trouvé que sa politique fiction ne faisait pas dans la subtilité et surtout l'originalité pour ce qui est des sujets traités.

Mais surtout, certaines affirmations laissent perplexe.
Exemple : les citoyens des États fascistes deviennent tous des fascistes avec le temps (RIP opposants et résistants d'hier et d'aujourd'hui…).
Certains des scénarios envisagés sont caricaturaux ( sciemment me semble-t-il) et manquent d'originalité et d'imagination.
Exemple: en Allemagne, le retour du camp de concentration pour les turcs.
Ou encore, on croise un dictateur africain sociopathe, sanguinaire, paranoïaque et mégalomane mais surtout idiot (il y aurait déjà des choses à dire mais ce passage donne les seules pages drôles du roman, je ne vais pas trop bouder ici).
Quant à la critique des ONG, elle n'est encore une fois pas originale et jamais envisagée sous un autre angle ou approfondie :
les ONG instrumentalisent le malheur et la misère pour récolter de l'argent (quelle surprise !). On croise aussi une délégation internationale d'une ONG d'observation des violations des DH qui prostitue des fillettes de 12 ans, composée de pédophiles... Il y a pourtant matière à écrire mais il reste une fois de plus dans une généralité caricaturale.
Le propos est volontairement outrancier, ce qui ne me dérange pas, mais trop souvent simpliste à mon goût (et partial ce qui est logique vu qu'il est politique…).
Je m'attendais à un tout autre roman d'où ma grande déception. Je pensais que la critique serait plus subtile et pourquoi pas qu'il sorte des sentiers battus… (l'auteur est diplômé de sciences politiques, quid de l'Inde, la plus grande démocratie du monde, des camps en Lybie par exemple ?)
Même si j'ai trouvé une certaine cohérence à l'ensemble de cette fable (pamphlet ?) et certains points de vue, idées ou passages intéressants, trop de choses m'ont gêné.
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