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Critique de Allantvers


Nouveau coup de coeur avec Gurnah, j'ai vraiment hâte que paraissent de nouvelles traductions de ces romans.

Toujours les thèmes de l'identité, de la singularité et la richesse des cultures, des traces et blessures laissés par le colonialisme, des frontières mentales qui ne se franchissent jamais.
Ici, c'est par l'intimité d'une famille et sur le long temps de son histoire que ces thèmes sont abordés, à travers plusieurs générations.
J'ai adoré la première partie, au tournant du siècle à Zanzibar, où le quotidien du timoré commerçant Hassalani se voit perturbé par l'arrivée d'un "gwunzu", un Européen blessé, que sa soeur va soigner et dont elle va, perturbation ultime, tomber amoureuse. En donnant la parole à tour de rôle à chacun: Hassinili, sa soeur Rehana, l'Anglais recueilli et son supérieur, Gurnah redonne grâce à l'intelligence de sa plume toute l'intensité du réel à cette colonie cosmopolite du bout du monde, et met en relief avec une précision chirurgicale l'impossibilité de concilier les regards des locaux et des dominants, tout en faisant voler en éclats cette barrière infranchissable avec l'amour impossible de Rehana et Pearce. Cette partie-là est une magistrale leçon d'ouverture et de tolérance, un vrai bonheur à lire.
Puis la parole est donnée aux descendants, ceux qui partent et ceux qui restent, tous marqués jusqu'au fond d'eux-mêmes par l'éducation reçue, les interdits appris et les mantras sociaux subis, et pourtant chez chacun Gurnah met en relief avec une finesse exquise la singularité de leur personnalité propre, transcendant toutes les dominations tout en préservant les cultures.
Un prix Nobel vraiment mérité, qui porte haut la part d'universel qui caractérise (la plupart du temps) l'esprit de ce prix.
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