À notre arrivée, un drap blanc était tendu contre un des murs de la salle ; à l'autre extrémité, un des frères Lumière manipulait un appareil ressemblant à une lanterne magique. L'obscurité se fit et nous vîmes apparaître, sur cet écran de fortune, l'usine Lumière. Les portes s'ouvrirent, le flot des ouvriers en sortit, gesticulant, riant, se dirigeant soit vers le restaurant, soit vers son logis. Puis ce furent, coup sur coup, les films, devenus classiques, du train arrivant en gare, de l'arroseur arrosé, etc. Nous venions tout simplement d'assister à la naissance du cinéma.
J'ai vécu vingt-huit ans d'une vie intensément intéressante. Si mes souvenirs me donnent parfois un peu de mélancolie, je me souviens des paroles de Roosevelt : "Il est dur d'échouer, il est pire de n'avoir jamais essayé." Alice Guy
Effacée de nos pages d'histoire, exclue de notre culture matrimoniale, Alice Guy a été aussi contrainte au silence. De son vivant, aucun éditeur n'a consenti à publier ses mémoires. Contribuant à l'invisibiliser davantage, à discréditer un peu plus son récit. A travers elle, très sûrement et pour longtemps, c'est nous toutes qu'on a ainsi voulu faire taire.