AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de DelD


Alice Guy (1873-1968), comptant parmi les premiers cinéastes, a disparu des radars pendant plusieurs décennies. Elle avait eu notamment pour assistant Louis Feuillade qui, ô surprise, n'a pas attendu aussi longtemps pour passer à la postérité. On lui attribue maintenant le premier film de fiction, la Fée aux Choux. Son effacement, comme l'effacement de tant de femmes dans plusieurs domaines d'activité, suscite une fois de plus l'effarement.

Elle livre avec ce court livre son autobiographie, très instructive et pleine d'humour.

Tout d'abord secrétaire de Léon Gaumont, Alice Guy a eu très rapidement la préscience que les petits films promotionnels destinés à présenter de nouveaux procédés techniques à une clientèle composée en grande partie de scientifiques, d'explorateurs et d'ingénieurs, pouvaient ouvrir des perspectives artistiques et ludiques, et elle a donc proposé « d'écrire une ou deux saynètes et de les faire jouer par des amis ».

Elle raconte sans illusion qu'elle n'aurait probablement jamais obtenu le consentement de Gaumont pour réaliser ces films si « on avait prévu le développement que prendrait l'affaire » et ajoute « Ma jeunesse, mon inexpérience, mon sexe, tout conspirait contre moi ».

Ensuite, les films se sont succédé, avec pas mal de succès, et Alice Guy a continué un temps sa carrière aux Etats-Unis, où elle avait suivi son mari.

Puis peu à peu, elle sera dépossédée de ses attributions, deviendra une simple assistante de son mari après l'avoir nommé président de la société de production qu'elle avait pourtant créée, rentrera en France avec ses deux enfants sous les bras après avoir été trompée et ruinée par ledit mari, et ne passera plus jamais derrière la caméra.

Ce livre laisse forcément un goût un peu doux-amer, l'auteure le concluant par les mots suivants :
« Est-ce un échec, est-ce une réussite ? Je ne sais. J'ai vécu vingt-huit ans d'une vie intensément intéressante. Si mes souvenirs me donnent parfois un peu de mélancolie, je me souviens des paroles de Roosevelt : « Il est dur d'échouer, il est pire de n'avoir jamais essayé. »
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}