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Critique de AnneVacquant


Je remercie tout d'abord les organisateurs et les organisatrices de Babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.

L'entrée en matière surprend par la violence du drame, incompréhensible sinon présumé. Soixante-cinq ans après les faits, une enfant, Alice, dénoue le mystère.
Le roman de Mélanie Guyard mêle le chaos de la réalité du monde adulte à l'innocence des rêves enfantins. La nature est omniprésente et les paysages du marais poitevin propices aux enchantements et aux sortilèges, qu'ils soient favorables ou néfastes. le malheur ne vient que de ce que l'on en fait.

Alice (en hommage au personnage de Lewis Carol ?), férue de contes (russes en l'occurrence) convoque l'amour de Vassilissa et d'Ivan, et la sorcière Baba Yaga. D'incessantes escapades entraînent allègrement la petite Alouette, autrement surnommée moineau, depuis le colombier de la Grivière jusque dans les bois de Sorgues. le conte de fées prend fin là où la Gouille s'est tarie. La magie des noms et des paysages compose une atmosphère qui porte tourment et délivrance. le saule pleureur en est l'emblème. L'humidité ambiante des marais répond à la chaleur du mois de juin jusqu'à ce que l'orage annonciateur de la confrontation des éléments déverse ses torrents de pluie qui ruissellent dans la boue, ses éclairs et son tonnerre qui tétanisent Alice.
Telle est une autre contradiction à laquelle la fillette est confrontée : d'un côté, elle ne veut pas « renoncer à voler » (p 167) et d'un autre, elle prend conscience que si elle reste enfant, elle ne sera « pas libre de voler » (p 255). Faire ses propres choix reste le seul choix possible.

Le récit alterne entre les deux époques (1950-2015) et nous laisse deviner petit à petit la combinaison des conséquences. On attend le dénouement avec un sentiment d'appréhension et de soulagement confondu. Il laisse néanmoins planer un doute sur l'ampleur de la cruauté des actes que l'on a pu s'imaginer. La vie, les circonstances, l'autrice n'ont pas forcé le trait ? Mais à 65 ans d'écart donc, le sort de la femme se joue encore à cause de l'enfant né de ses amours, défendus ou trahis. le conseil de Zélie : « Il ne faut pas laisser les hommes méchants arpenter le monde en liberté […] C'est comme ça que le monde devient mauvais, lui aussi. Il ne faut pas les laisser s'en sortir, sinon c'est nous que ça empoisonne. Il faudra leur dire. Pour elle et le petit » (p 265) relève de l'engagement mis en pratique.

La fragilité des petites anémones sauvages des sous-bois « comme la vie de ceux qu'on ne protège pas » (p 148) justifie le titre.

anne.vacquant.free.fr/av/
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