Il ne faut pas du courage pour fuguer, il en faut pour regarder ses problèmes en face et tenter d’y apporter une solution.
Il passa sa main tremblante dans ses cheveux et tenta de reprendre ses esprits. Il avait pourtant établi qu’elle était trop… trop différente de celles qu’il avait déjà connues. Certes, il était lucide, il aimait bien se retrouver avec elle. Il faisait attention à elle. Mais ce n’était pas une simple attirance physique. De l’amour ? Soyons sérieux. En fait, les sentiments qu’il éprouvait pour elle ne lui étaient pas du tout familiers, loin des histoires qui l’avaient attaché de façon éphémère à d’autres. C’est pourquoi il l’avait d’office remisée dans la case « amitié ». D’autant plus que pour lui, l’amitié était une valeur autrement plus importante que des flirts sans lendemain.
Le moins qu’on puisse dire, c’était qu’il se sentait confus.
Ta vie et la mienne n’ont rien à voir, articula-t-il froidement. Tu veux savoir pourquoi la vie que tu décris ne me concerne pas ? Alors, miss je-sais-tout, comment un mec qui n’a pas de piaule, qui trime comme un malade pour récupérer deux ou trois balles, pourrait réviser tranquillement pour sa petite interro de maths ? Ou se projeter dans un avenir radieux ? Rappelle-toi la première fois où tu m’as croisé. C’est ça mon quotidien. Je suis sans abri, sans ressources, sans attache. Sans futur. Alors, laisse tomber.
Est-ce que seuls ceux qui avaient déjà vécu la terreur ou qui savaient leur dernière heure arrivée étaient capables d’apprécier la routine comme un joyau inestimable ?