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Critique de Melaniedesforges


1. Ma lecture

A. Tyler, Tyler, Tyler… Faut qu'on parle toi et moi !

Je vais commencer fort en parlant de Tyler dès le début. Alors, je vais te raconter mon expérience et je peux déjà te dire qu'elle est fortement influencée par mon histoire personnelle. Je me doute que peu de personnes ont ressenti la même chose. Mais fuck, c'est ma chronique, donc je t'en parle si je veux. D'autant plus que c'est vraiment ce point qui a influencé toute ma lecture.

Bon, je lâche la bombe, comme ça sans explication : J'ai une peur quasi maladive de l'abandon. Je rentrerai pas dans les détails du pourquoi parce que c'est personnel, mais c'est quelque chose qui dicte pas mal mon quotidien et qui revient systématiquement dès que je me tape des thérapies ou autres.

Quel est le rapport avec Tyler ? J'y viens. En fait, dans le tome 1, j'ai été fasciné par la relation entre Tyler et Travis, et même si je savais dès le début que Tyler était morte, je sais pas, je devais être dans une phase de déni ou autre et j'ai pas percuté. Mais dans le tome 2… Dès les premières pages j'ai ressenti énormément de colère envers elle. Au point même de… la détester. Et pourtant, elle n'a pas changé, elle reste toujours fidèle à elle-même, alors pourquoi ? Pourquoi autant de colère en moi ?

Attention ! Que ce soit clair : détester un personnage n'est pas une mauvaise chose (sauf si on le déteste parce qu'il est mal écrit, qu'il est caricatural ou autre). Pour moi, tant qu'on ressent une émotion envers un personnage, c'est qu'il est réussi et je préfère même ressentir de la colère, de la haine ou du dégoût envers un protagoniste plutôt que de la sympathie. Ça doit être mon côté maso… Bref, je suis toujours la meuf qui préfère le méchant de l'histoire au gentil. Alors ici, Tyler n'est pas la « méchante », mais tu saisis l'idée.

Pendant une bonne partie de ma lecture, j'ai pas compris pourquoi je réagissais comme ça. Pourquoi j'étais bloquée sur Tyler et pourquoi ce sentiment si fort ? Et en fait, le tome 2 a été une putain de thérapie pour moi : je détestais Tyler parce que je m'étais totalement mise à la place de Travis et lorsque j'ai peur d'être abandonnée par quelqu'un c'est systématiquement la réaction que j'ai. Je détestais Tyler, parce que j'avais peur qu'elle m'abandonne. Enfin, qu'elle abandonne Travis. Qui du coup est moi parce que… Ouais, t'as compris le bordel !

B. L'aventure laisse sa place à l'introspection

Dans le premier opus, tu sentais la rage de vivre de Tyler et Travis. Ça décapait, ça pétait dans tous les sens et c'était ultra Rock N Roll. On était beaucoup + sur des scènes du passé et on assistait vraiment à la violence qu'avaient essuyé les jumeaux, mais aussi à celle qu'ils avaient créée, parce qu'on va pas se mentir, ce sont pas des enfants de choeur.

Il y a toujours cette violence, mais elle devient + psychologique. Et puis, je suis pas allée compter les chapitres et établir des pourcentages pour vérifier ça, pourtant il me semble bien que Zoë nous parle un peu moins du passé commun de Tyler et Travis pour se concentrer sur Travis. Comme si le mec avait enfin accepté qu'ils n'étaient pas une seule et même personne et qu'il avait une vie, une identité indépendamment de sa soeur.

Du coup, il nous raconte moins des faits, et part plutôt sur des réflexions, sur une analyse de sa propre personnalité et de ses sentiments. Alors oui, c'est toujours Rock N Roll, juste ça ne l'est pas pour les mêmes raisons. Là où le tome 1 te mettait + en avant l'aventure et le mouvement, dans le tome 2, tu vis le côté « drogue et chute » de la vie Rock N Roll. le moment où la star se crame carrément les ailes à force de grimper.

Et là, tu comprends le principe des différents niveaux. Travis prend peu à peu conscience de son existence et s'analyse. A chaque opus, il a un différent stade d'éveil. Dans le premier il te racontait sa vision avec une assurance de dingue, il était persuadé d'être dans la vérité et que tous les autres étaient juste des p**** de zombies (bon, il le pense toujours dans le tome 2, parce que, quand même !). Mais dans cet opus, il se rend compte qu'il y a une faille dans leur système de penser et on assiste à un début de déconstruction.

Grace à l'ayahuasca, Travis se déconstruit pour accepter la réalité de la plante. Alors, clairement, on n'est pas sur une phase de reconstruction, mais c'est normal, chaque chose en son temps ! Il faut savoir être patient, et puis la reconstruction, c'est un autre niveau encore !

C. P*****, il y a aucun artifice !

Alors, pourquoi je te dis qu'il y a aucun artifice ? Parce que c'est le cas. Pas de chichi, pas de truc romancé. Clairement, Travis il existe pas pour le lecteur et sa vie n'est pas là pour servir d'exemple ou je ne sais quoi. Zoë Hababou te raconte la vie d'un mec comme il l'a vécue. Alors oui, sur le papier c'est un personnage fictif, mais ça tu as du mal à le réaliser. Parce que sa vie, même si elle est atypique, elle est pas extraordinaire. Et quand je dis « extraordinaire », je parle dans le sens « rare » et totalement inaccessible au reste de l'humanité. Travis, c'est n'importe quel mec que tu peux trouver dehors. Il est pas démesurément doué pour un truc, le Destin ne l'a pas désigné pour accomplir des choses de dingues. C'est juste un type qui a vécu des galères.

Et là dessus, j'ai retrouvé la même sensation que lorsque je matais Shameless. On te met face à la réalité. Les personnages ne sont pas des êtres différents de toi et moi, ils vivent des galères hardcore, mais c'est pas lié à eux, c'est lié à leur classe sociale, à leur environnement et des Travis, t'en retrouves plein dans la rue. Et c'est ça qui est puissant.

Tu le vois foncer dans le mur et partir à la dérive, mais merde ! C'est la réalité ! C'est ce qui arrive à des tonnes de gamins tous les jours et ça sert à rien de fermer les yeux ou de les juger. Justement, en comprenant comment ils en sont arrivés là, c'est comme ça qu'on comprend le problème. Il faut voir la réalité sans sa couche de verni et de paillettes pour agir.

Encore une fois, lire Borderline, c'est comme assister à un accident. On sait que ça va mal finir mais on peut pas détourner les yeux. Parce qu'on a besoin de voir ça.

2. L'après-lecture

Franchement, ce n'est que le tome 2 et pourtant j'ai l'impression qu'il est déjà bien + puissant que le tome 1. Je me suis payé une vraie thérapie durant ma lecture et j'en ressors avec une analyse de moi-même qui est bien + poussée. Pourtant, j'ai rien en commun avec Travis. La drogue, le sexe, l'errance, c'est des trucs que j'ai jamais connu.

C'est juste dingue le pouvoir de ce bouquin. c'est enivrant et en même temps ça fait peur. Parce que ça m'a obligé à voir en face mes propres démons et on sait tous qu'on préfère rester dans le déni. C'est mieux, c'est + pratique comme ça.

Je me dis qu'on en est qu'au tome 2 et que ce n'est que le début de l'éveil. J'imagine même pas la puissance des autres niveaux… J'ai hâte et en même temps, je redoute le moment venu, parce que ça risque de faire mal. Mais au final, est-ce que c'est pas justement ce qu'on recherche avec Borderline ? Bah si !

3. PÉPITE OU PAS PÉPITE ?

Je suis estomaquée par la puissance du bouquin. Pendant ma lecture, je pensais pas qu'il allait me retourner à ce point et c'est, arrivée à la fin, que je me suis rendue compte de tout ce qui s'était passé en moi au fil des pages. Forcément que c'est une pépite, mais attention, je ne le recommande pas à tout le monde. Enfin si ! Mais non.

Je m'explique : c'est vraiment une saga qui est là pour que tu te tapes une thérapie. Mieux qu'un psy, crois-moi ! Donc oui, je te recommande de le lire pour t'aider à mieux te comprendre, mais par pitié, fais-le quand tu te sens prêt. C'est vraiment puissant, je trouve et donc comme chaque chose puissante, si tu le lis alors que tu n'es pas dans le bon mood, ça va être contre-productif. Il faut que tu sois entièrement prêt à recevoir la claque, à t'ouvrir à une nouvelle façon de penser, de voir. Et surtout que tu mettes au placard ton jugement. Ne juge pas, ne pense pas, laisse-toi entièrement guider par le bouquin, exactement comme Travis se laisse guider par l'ayahuasca.
Lien : https://www.melaniedesforges..
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