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Critique de latelierlitteraire


Aliène c'est un pur OVNi littéraire, du genre X-Files - aux frontières du réel - complètement fou et bourré de TW, vous êtes prévenu.e.s !

Comment écrire une chronique qui rende justice au texte et à l'autrice sans se fourvoyer ? Car après tout la réceptivité du texte ne peut qu'être singulière, à l'image de ce roman extravagant, hors norme, atypique : « aliénant ». Autant se le dire, si vous n'êtes pas ouvert.e d'esprit, laissez tomber. Ici il faut apprécier le « conceptuel », le trash, la marge, le « politiquement incorrect ». Ce bouquin, je l'ai vu comme une oeuvre d'art, de celles qui nous absorbent entièrement, nous retournent dans tous les sens pour mieux nous recracher derrière.

Fauvel a perdu un oeil à la suite d'un tir de LBD. Depuis elle vit dans la peur. La peur permanente. Celle induite par sa condition de femme, faible et soumise. de proie. Proie du système. Proie des flics. Proie des hommes. Proie du monde. Fauvel a désormais peur de la ville, de son effervescence, de son agitation et des dangers potentiels. Depuis qu'elle a reçu ce tir de LBD, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Devenue « petite chose fragile » elle se réfugie à la campagne pour s'occuper de la chienne clonée du père de son amie Mado. Elle espère probablement se libérer de l'emprise de sa peur, trouver un semblant de sécurité, de la chaleur et se régénérer.

Aliène c'est un récit perché, bestial, organique, qui prend aux tripes et donne parfois la nausée. L'autrice nous livre un texte cru, anticonformiste. La plume est acérée, le style acide, le ton cynique. C'est glauque et en même temps terriblement attirant. le travail d'écriture est fantastique : l'alternance de mots soutenus, familiers et désuets participant à toute la bizarrerie (alléchante) du bouquin. L'autrice joue la provoc en balançant à la tronche du lecteurice une authenticité dérangeante et contre-nature, celle que l'on cache habituellement, mais qu'elle au contraire, exhibe sans retenue.

Au cours de quelques virées, Fauvel rencontre Julien, le ténébreux chasseur puis Michel qui écrit une thèse sur les extraterrestres qui auraient « enlevé » quelques personnes du coin. Fauvel se perd alors dans ses rêves (ahurissants) et une réalité altérée par la consommation outrancière de toxiques. Pourtant elle se voue d'une étrange mission, celle de mener l'enquête pour retrouver, le, les, coupable(s) à l'origine de l'étrange massacre du bétail dans le village.

À travers le personnage torturé de Fauvel, l'autrice semble dénoncer les séquelles psychiques, le mal-être dans lequel peut se trouver une personne brisée, opprimée par la société et les « dominants » et se penche sur la question des violences sous toutes leurs formes (policières, humaines, animales…).

Ce livre c'est un peu un combat contre ses propres démons et ces peurs générées par un climat d'insécurité grandissant issu d'un monde en perpétuel changement, patriarcal, bouleversé par toutes sortes de cataclysmes, dirigé par les lobbies et écrasé par le capitalisme. Une lutte contre les dérives écologiques, politiques, sociales. Un combat pour les libertés et les égalités.

Alors oui le roman déplaira sans doute à certain.e mais l'autrice a osé ce que personne n'ose et ça, c'est tout bonnement remarquable.
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