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Critique de Bookycooky


“Dans ses entretiens avec David Sylvester, Francis Bacon dit que peindre, c'est dresser un piège pour attraper le vivant.”
Avec “Water from a running tape”, la peinture de la couverture, magnifique, qu'il considère comme son oeuvre le plus accompli, il a dressé un de ses meilleurs pièges où l'eau est « l'enfance du temps et le bleu mène à son pays indemne. »
L'auteur Yannick Haenel décide de passer une nuit au musée du centre Pompidou, à l'expo Francis Bacon en 2019, que j'ai aussi pu visiter la même année, étant moi-même une grande fan de Bacon.
« Dans les tableaux de Bacon, c'est le bleu qui déjoue la pétrification. J'en perçois ainsi l'étrange vertu : le bleu est plus fort que le noir ; il troue les ténèbres et s'écoule jusqu'à nous…..En écrivant, je cherche à préciser une émotion ; je veux trouver les mots pour dire la béance que les tableaux de Bacon ouvrent en moi  ; je raconte l'aventure de leurs impacts … » , c'est précisément pour cela que ce livre m'a attirée. Je suis curieuse de connaître les sensations des autres face à une oeuvre d'art, qui m'ouvrent toujours des nouvelles perspectives pour ouvrir, élargir, le diapason de mes sens. “La justesse du regard, c'est l'art qui nous l'enseigne. Ne plus regarder de tableaux, c'est risquer de perdre la vue. “ Car les sensations se cultivent , enrichissant notre vision et aiguisant notre sensibilité , nous ouvrent un monde plus vaste pour apprécier et profiter non seulement d'une oeuvre d'art mais aussi des petits faits quelconques de notre quotidien , de la nature, bref tout simplement de la Vie. À ce propos le dernier film de Wim Wenders « Perfect Days » vu récemment en est un superbe exemple, où Wenders s'est vraiment consacré au plus simple pour montrer la voie au plaisir et à la joie de vivre.
Pour qui est fan ce livre est l'occasion de revisionner quelques uns des tableaux intéressants de Bacon, et pour qui ne le connaît pas l'occasion à jamais de l'aborder, à travers des ressentis et réflexions riches et intéressantes de l'auteur. Un vrai plaisir de lecture !

« Si le monde n'est pas peint, on n'y verra bientôt plus rien – et peut-être même n'y aura-t-il plus de monde. »
« On ne peut pas regarder un Bacon comme on regarde n'importe quel autre tableau : il réveille précisément l'excès en vous. Excès contre excès ? Plutôt un transfert de violence. On peut se protéger, bien sûr, on n'est pas obligé de souffrir pour apprécier une oeuvre : pourquoi l'art devrait-il nous jeter au néant ? Mais si vous laissez le monde de Bacon entrer en vous, commence alors une expérience qui, en vous dépossédant, vous conduira là où vous n'êtes jamais allé. Vous n'aurez plus rien, et même vos yeux auront brûlé ; mais vous verrez enfin, et grâce à cette seconde vue, c'est le coeur ardent de la vie que vous retrouverez. »
“Pendant la séance, Sylvester avait remarqué que Bacon jetait sans cesse des regards de côté lorsqu'il peignait : au lieu de fixer son modèle, il regardait un livre ouvert posé sur un tabouret à côté de lui. À un moment, Bacon étant parti pisser, Sylvester en avait profité pour jeter un coup d'oeil au livre : il s'agissait d'un album sur la faune africaine et la page à laquelle il était ouvert montrait la photo d'un rhinocéros.”😊

Un grand merci aux éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie du livre !
#BleuBacon#NetGalleyFrance
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