AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ALDAMO21


Je viens de refermer ce livre très troublant, dérangeant et bouleversant à la fois.

Qu'écrire ? Comment expliquer que ce n'est pas vraiment un roman, mais plus un récit d'une jeune fille en complet déséquilibre mental, un récit de sa terrible errance et de son abandon, d'un voyage très sombre et cauchemardesque dans sa propre folie.
*

Clémentine Haenel m'a beaucoup surpris par son choix difficile, celui d'écrire un texte au style très névrosé et déstructuré, afin qu'il puisse coller d'une façon très réaliste et saisissante, à l'état psychiatrique de son héroïne, avec toutes ses pensées morbides qui tournent, se bousculent et se cognent dans la tête.

Une jeune fille sans nom. D'ailleurs aucun personnage ne porte de nom dans ce récit, ce sont tous des anonymes. Surtout les hommes, monsieur X ou Y ceux qui défilent une nuit, ceux qui frappent, ceux qui violentent, ceux qui violent, ceux qui souillent.
*

Le texte est parfois cru, parfois brutal, mais quelques mots poétiques se glissent par enchantement, apportant une petite clarté à toutes les pensées de la jeune fille. Des pensées qui de son encre très noire et glauque, mouchettent les pages blanches du récit.

Les phrases sont courtes, âpres, énervées, râpeuses. Les mots raclent, égratignent, percutent, coupent, lacèrent. Ils se faufilent, ils défilent à grande vitesse. Et puis il y a des ruptures temporelles, comme des chapitres oubliés. Je retrouvais la jeune fille chez sa mère, pour la perdre la phrase d'après, en plein New-York.
Des mots manquants, absents comme pour marquer les vides que peut vivre la jeune fille lorsqu'elle se réveille le matin, après une soirée de sexe et d'ivresse.

Je me suis senti alors dans un labyrinthe froid et lugubre, comme dans les méandres d'un esprit confus et torturé.
*

Mais je suis resté hypnotisé par cette écorchée vive, qui était en immersion totale dans ses psychoses aliénantes.
J'ai ressenti toute sa souffrance et toute sa solitude.
La jeune fille traversait des jours entiers en somnambule et passait ses nuits, réveillée par des ombres hallucinatoires et menaçantes.
Toutes choses semblaient inlassablement glisser sur elle. Rien ne pouvait l'atteindre dans son coeur et dans son être.

Étrange jeune fille que de la voir comme une ombre, marcher en équilibre sur un fil. J'ai peur pour elle !
Ira-t-elle jusqu'au bout de son voyage, de son enfer ?
*

J'attends impatiemment « Pleins phares », le deuxième roman de Clémentine Haenel, qui je l'espère sera moins sombre et moins angoissant.
Commenter  J’apprécie          181



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}