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EAN : 9782073035004
Gallimard (07/09/2023)
3.75/5   4 notes
Résumé :
"Yaya avait fini par relever la tête et l'éclat bleu de son oeil était venu se ficher dans la rétine de Mauve. Huit secondes et demie à se fixer et à sonder leurs âmes, à se reconnaître sans pourtant jamais s'être vus, et voilà c'était ainsi, ce jour était fait pour arriver et le grand bazar de la folle amitié, à la vie à la mort, commencer."Dans un monde qui n'est pas à la hauteur de leur espoir, Mauve, Yaya, Mahdi et Sékouba se réfugient dans leurs souvenirs et se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est le deuxième livre que je lis de Clémentine Haenel, que j'ai découvert depuis deux petits mois et que j'apprécie.
C'est une histoire encore sombre et crue, comme son premier roman « Mauvaise passe ».

J'aime l'univers de Clémentine car ses nuits sont toujours plus longues et froides que ses jours gorgés de soleil. Des nuits mouvantes et émouvantes, sans lune et sans étoile.
Où on sent le vent souffler en rafale, où on voit la pluie qui ruisselle dans tout Paris, où on aperçoit des ombres inquiétantes qui se glissent, qui titubent et qui parfois sommeillent. Où on devine des fantômes perdus dans leurs pensées lugubres, ou dans leur folie.
*

Les histoires de Clémentine m'interrogent souvent, elles me dérangent autant qu'elles me fascinent. Parce qu'il y a aussi ses mots, des mots qui ne peuvent être écrits seulement après les avoir vraiment vécus et qu'ils ont une grande résonance en moi.

D'une écriture moderne, vibrante, nerveuse et sans fard, l'auteure brosse de superbes portraits de jeunes gens déjà éprouvés, déjà cabossés, déjà pour certains, presque éteints par les affres de leur vie.
Mauve, Yaya, Mahdi et Sékouba sont quatre êtres liés, sur lesquels un destin parfois cruel s'est acharné.
Certains s'en sortiront, un peu plus fracassés, d'autres s'écrouleront pour ne jamais se relever.
*

Ce que j'aime aussi chez Clémentine Haenel c'est son sens de l'observation, non sur les choses mais sur les gens, sur leur manière d'être, sur leurs attitudes, sur leurs tics, sur leurs tocs.
Tous ses personnages sont creusés, disséqués. Ils apparaissent avec parfois des rides de trop de fatigue, avec une peau trop blanche, des yeux trop verts, des bleus trop foncés au coeur, avec leurs forces mais aussi leur vulnérabilité.

Excellents aussi tous ces petits clins d'oeil sur ces émissions de télévision, une comparaison avec la vie de Loana, en exemple. Ces références à des chansons, qui apportent une bouffée d'air frais, un éclat de lumière pendant la lecture du roman.
*

Tous les personnages de cette fiction m'ont été réels, car ils appartenaient à la vraie vie, avec tous leur côté un peu « borderline. »
Et pour moi ils m'ont été attachants, surtout Mauve, cette jeune femme qui conduit un taxi à Paris.

Mauve l'écorchée vive, Mauve l'impétueuse, Mauve la révoltée. Mauve celle qui aime et embrasse la nuit. Parce que la nuit c'est la paix, la sécurité, la tranquillité, comme l'écrit si bien Clémentine Haenel.
Mauve celle qui vit mal sa solitude comme les trois autres personnages. Qui ressasse souvent son passé, dont certains événements reviennent la hanter, la tourmenter.
Mauve qui cherche parfois à enfouir la brûlure trop vive de ses souvenirs, qui essaye aussi d'effacer de ses pensées pour son ami Yaya.

Mauve qui observe l'horizon de sa vie grisaillée de désillusions, d'attentes. Mais peut-être qu'après les nuages mouillés de ses chagrins, apparaitra un pâle rayon d'espoir.
*

Yaya était un jeune homme qui avait tout pour réussir. Mais aujourd'hui Yaya découvre un monde parallèle où il a été placé. Un monde où les murs suintent le désespoir, la tristesse et l'ennui. Des murs mornes qui emprisonnent une foule de gens malades, de schizophrènes. Yaya est enfermé dans un hôpital psychiatrique, « pour son bien » lui a-t-on dit, par prévention…
Parce qu'aussi le jeune homme à des pensées morbides, a des crises d'angoisse et de démence.

Yaya qui se sent tellement coupable, tellement démuni de n'avoir pas su protéger son frère Mahdi contre lui-même.
*

Il y a aussi Sékouba, ce psychiatre idéaliste qui a rejoint l'unité psychiatrique où dépérit Yaya. Un jeune médecin qui est persuadé qu'il peut exercer son métier autrement.
Sékouba qui apercevra très vite de son impuissance à changer les choses.
Sékouba qui constatera que cette institution comme tant d'autres, bourre de médicaments jusqu'aux amygdales, les sujets les plus angoissés. Qui enferme dans des chambres sécurisées, les patients pour éviter qu'ils se fassent mal et fassent mal aux autres.

Il y a à peine cinquante ans, il y avait encore de longues « cures de sommeil », parfois des camisoles, des lits où on sanglait le corps et les sanglots des plus agités.
*

« Pleins Phares » est un roman à découvrir. A lire un soir d'orage pour ressentir encore plus de frissons, d'émotions et une certaine douceur.
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“Un, relâcher les sourcils, deux, décoller la langue du palais, trois, abaisser les épaules.” C'est la technique de Mauve pour tenir le coup. Toujours nerveuse, toujours énervée, elle parcourt la ville moche comme un lundi, au volant de son taxi. “Mauve ne conduit pas, elle roule, ou plutôt ça roule malgré elle.”

Elle n'est pas la seule à être paumée. Yaya, son ami de toujours, est interné dans une unité psychiatrique pour malades difficiles, depuis qu'il sait que son frère a tué trois personnes de sang froid. Pour lui, “pas d'avenir, juste la répétition des jours.” Même constat pour Sékouba, un des infirmiers qui s'occupe de lui, impuissant face au manque de moyens. Et puis il y a les mères. Les mères et leur affection désemparée face à cette jeunesse qui se mord le poing.

Un meurtrier, un frère interné, un soignant fatigué, une fille cernée : “difficile de faire la paix avec cette immense sensation de gâchis.” Heureusement, les éclaircies sont partout. Dans les couleurs d'un dessin, dans le sourire d'un ami, dans les phares d'une voiture.
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Pleins phares de Clémentine Haenel.

Madhi est un meurtrier . Quand son frère Yaya l'apprend, il décompense et finit enfermé dans l'UMD d'Henri Colin de Villejuif où un infirmier Sékouba va tenter de l'aider.
Et puis, il y a Mauve, taxi qui ,au gré de ses courses, se souvient de son ami Yaya lorsqu'ils étaient à l'école ensemble.

Un sentiment de nostalgie et de mélancolie traverse ce roman, ainsi que de la triste solitude des différents personnages.
Émotions garanties.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il n'a plus envie de quitter sa propre personne, Il n'est plus fissuré de tout bord par ce besoin de destruction impossible à rassasier. Il rêve d'une existence hors les murs. Il prie un dieu auquel il ne croit pas, et c'est sa façon de se promettre que s'il sort d'ici il tiendra bon, qu'il tentera de parier sur la vie. Perclus de douleurs et d'envies, il est à une jonction, à l'endroit même du contraste, de la croisée claire-obscure du renouveau.

Page 307
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Pour Mauve, le goût de la nuit va de pair avec le dégoût des gens. Mais pas que. Bien sûr. Elle aime le noirceur, l'opacité, l'absence de lumière, non pas l'absence de lumière, la présence de lumières artificielles, et les fringales sucrées qui sont tellement plus plaisantes à quatre du mat' qu'à l'heure légale du goûter. La nuit c'est la sécurité. La nuit, c'est la paix. Mauve n'en démordra pas.

Page 170
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