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Critique de Dombrow01


Comment un pays entier a pu se transformer en une horde de soldats barbares et dévaster l'Europe entière ? C'est la question à laquelle tente de répondre cet ouvrage. Ce livre, écrit dès 1939 donc avant la guerre, est le récit de la montée du nazisme tel que l'a vécue Sebastian Haffner, jeune étudiant issu d'une famille bourgeoise.
Les nazis n'ont jamais eu la majorité absolue au parlement allemand, ils ont d'abord gouverné par alliance avec les partis traditionnels. Bien vite ceux-ci se sont tus devant la puissance nazie et l'impunité de leur sbires en chemise brune, les redoutables SA.
L'idéologie nazie utilise quelques idées très populaires, telle l'humiliation de la défaite de 1918 et la nécessité pour l'Allemagne de regagner une indépendance que le traité de Versailles lui a rogné. La République de Weimar a aussi laissé des traces que vont utiliser Hitler et ses affidés. Fini le désordre, terminée également (même si ce n'est pas grâce à eux) la période d'hyper-inflation où un pain coutait un milliard de marks.

Le discours nazi a d'abord généré de l'incrédulité, personne ne le prenait au sérieux. le slogan "Mort aux juifs" n'était au départ que des mots non suivis d'effet, et le répéter pour faire comme tout le monde n'engageait à rien. C'est cette mécanique que nous montre Sabastian Haffner, comment les nazis ont demandé de plus en plus aux Allemands pour leur faire accepter l'inacceptable. Chaque jour une petite compromission de plus, et jamais de retour en arrière. Les opposants sont fichés, puis disparaissent, on parle de camps de concentration sans savoir ce que c'est, mais on ne voit jamais personne en revenir. La peur s'installe, elle fait partie de la vie quotidienne.

Une grande partie de cette évolution se fait dans une bonne humeur de façade. Les nazis adoraient les chants et les défilés, et chacun était tenu de faire le salut nazi sur leur passage sous peine de bastonnade. Les paroles des chansons pouvaient faire peur, mais tout le monde les chantait car ça n'engageait pas beaucoup. Juste une petite compromission de plus ...
L'un des épisodes les plus marquants est le "stage de formation" que fait l'auteur. Tous les futurs magistrats sont assemblés dans un camp pour parfaire leur formation. Pourquoi des juges auraient besoin de marcher au pas et de chanter des chants nazis, on se le demande (et eux aussi), mais il faut en passer par là pour être diplômé, alors pourquoi pas. Au final ils se retrouvent à tirer au fusil, encadrés par des militaires, et bien heureux que ce ne soit plus des SA. A ce point l'auteur réalise la manipulation : il déteste tellement les SA qu'il finit par être CONTENT d'être encadré par l'armée pendant sa formation de juge !

Une des horreurs des systèmes totalitaires est qu'ils forcent tout le monde à participer et à dénoncer les autres. Dans ces conditions comment savoir qui pense comme moi ? La peur tient tout le monde, "Chacun est une Gestapo pour son voisin" comme le dit si bien Haffner.
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