AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de domi_troizarsouilles


Bien avant de terminer ce livre, et maintenant que j'en ai refermé la dernière page, j'ai juste envie de dire : tout ça pour ça ? Il a bénéficié d'une énorme publicité un peu partout, d'une mise en avant évidente notamment sur Babelio, et les critiques sont généralement très positives, pour une moyenne actuellement (au moment où j'entame cette critique) à 16,1/20 sur Livraddict comme sur Babelio, pour plus de 100 votes sur chaque plateforme !
Et pourtant…
On l'a compris : une fois encore, je ne rejoins pas l'avis général.

Regardons d'abord juste l'objet-livre. J'ai déjà remarqué à plusieurs reprises, lors de mes (nombreuses) déambulations en librairie, que les éditions Mazarine proposent des livres aux pages d'un blanc éclatant et d'un grammage assez important. Est-ce vraiment bien écologique ?... Franchement j'ai un gros doute, ce blanc si vif est réellement suspect, au point que, quand l'un ou l'autre de leurs livres m'attire quand même, je choisis alors la version électronique (je pense notamment à « La petite ville des grands rêves », qui n'a rien à voir avec celui-ci, je le note juste car c'est aussi Mazarine ; d'ailleurs, celui-là, lu le mois passé, a été mon premier, et pour l'instant unique, coup de coeur de mes lectures de 2022, donc je n'ai rien contre l'éditeur en tant que tel !).
Mais voilà, ici j'ai craqué pour le livre papier quand même, car la couverture est définitivement sympathique, elle donne cette impression d'un livre emprunté à la bibliothèque, c'est évidemment attrayant, et comment résister à un livre plein de livres ?
Sauf que…
Non seulement il ne s'agit en aucun cas d'une bibliothèque où on emprunterait des livres, mais en plus, le narrateur de l'histoire dit et redit, à travers les yeux de la protagoniste, avec des détails et en ré-insistant lors de chaque passage par cette bibliothèque, que les livres qu'elle peut y voir sont verts, de toutes les nuances de vert (et elle nous les cite même, en long, en large et en travers !), mais en aucun cas ils ne sont multicolores sur un fond essentiellement bleu !!! C'est à se demander si l'éditeur a seulement lu ce livre… Certes, ces jolis rayonnages tels que présentés sur cette couverture sont sans aucun doute plus vendeurs qu'une bibliothèque imaginaire remplie d'étagères aux livres allant du vert pisseux au vert sapin d'hiver, mais pour moi, c'est surtout une preuve d'irrespect total envers le lecteur !

Quant au contenu…
C'est l'histoire d'une certaine Nora Seed, 35 ans, qui vit dans une petite ville que personne dans sa famille n'a vraiment choisie – ses grands-parents émigrés des Pouilles ayant cru s'installer à Londres, mais non, l'entreprise qui avait alors engagé le grand-père était en réalité basée dans cette ville apparemment insipide de Bedford ! Nora est une fille a priori talentueuse, qui brillait en natation ou au piano, et s'intéressait aux baleines ou à la glaciologie ; mais à la suite de la mort de ses parents, elle est tombée en dépression, et ne fait plus que vivoter dans une espèce de non-vie, entre un emploi sans ambition qu'elle aime bien mais dont elle vient de se faire virer, et avec pour seule compagnie son chat qui vient de mourir. Elle décide alors de quitter cette vie… et apparaît dans une forme toute particulière d'expérience de mort imminente : pas tout à fait morte, mais plus tout à fait en vie, elle se retrouve dans une bibliothèque, dont elle apprend peu à peu que les nombreux livres représentent toutes les vies parallèles qu'elle aurait pu vivre, en fonction de tous ces petits choix du quotidien qui sont autant de renoncements et de potentiels regrets. Il lui reste à trouver le « bon » livre pour continuer à vivre, ou se laisser aller à la destruction de cette improbable bibliothèque et à la mort.

L'idée de base était séduisante, et les quelques ébauches de vies parallèles que Nora va avoir l'occasion de vivre sont tour à tour drôle, sympathique ou gentiment dramatique, avec un certain nombre de rebondissements – y compris lors de ses passages par la bibliothèque, encore et encore, à chaque fois qu'une de ces vies potentielles parallèles n'ont pas convenu.
Mais surtout, l'auteur me laisse vraiment perplexe. Certes, l'aspect « fantastique » qui fait l'essentiel de l'intrigue à travers la bibliothèque, ne peut masquer qu'il s'agit avant tout d'une histoire carrément dramatique ! le point de départ est quand même une dépression sévère, allant jusqu'à une tentative de suicide : c'est un thème lourd, or j'ai eu l'impression que ce réel drame, qui est vécu au jour le jour par tant de personnes (et plus encore en ces temps difficiles de covid), est traité d'une façon beaucoup trop désinvolte, un peu par-dessus la jambe… pour passer au plus vite à cette histoire de bibliothèque. En effet, à travers la « belle histoire » de la bibliothèque, qui d'emblée efface ce drame qu'est un suicide, l'auteur nous assène poncif sur poncif, à propos de ce qu'aurait pu être notre vie selon d'autres choix, même les plus infimes ; sur l'inanité de s'attarder à nos regrets, qui en plus ne sont pas forcément fondés ; etc., etc. On a tout à coup l'impression de se retrouver dans un pseudo-roman de développement personnel bas de gamme, à l'image de toutes ces « formations » qui fleurissent dans les entreprises – or, pour y avoir été confrontée plus d'une fois dans le cadre professionnel, je peux dire que certaines (rares) sont réellement intéressantes et peuvent contribuer à former un esprit d'équipe (ce qui est généralement le but affiché), mais la plupart des autres sont au mieux ennuyeuses, au pire dangereuses, car elles touchent de toute façon au plus intime, à ces questionnements personnels qui peuvent être bouleversants.
Or, la façon trop légère dont ces « vérités » sont assénées, sans aucun avertissement sur les sujets graves qui les ont suscitées dans le cadre de ce « roman », réellement je n'apprécie pas.

Ajoutons à ça que l'auteur se moque bien un peu de sa protagoniste (ou bien du lecteur ?). Pour ne citer qu'un exemple qui est, je l'espère, pas trop spoilant : on comprend après quelques pages que Nora, toute douée qu'elle soit dans différents domaines, a surtout toujours veillé à répondre aux attentes des autres (son père, son frère, sa meilleure amie, son compagnon, etc.) – après tout, c'est ce que nous faisons tous peu ou prou… Dès lors, comme il ne s'agit jamais de ses propres, vrais choix à elle, la plupart sont condamnés à plus ou moins mal finir pour elle (même si, ici, c'est clairement dramatisé). Mais voilà : il faut attendre les deux tiers du livre pour que Nora se rende compte elle-même, enfin, qu'elle n'a encore jamais fait ses fameux propres choix, et qu'elle n'a suivi que ceux des autres !? j'ai vraiment halluciné que ça ne lui soit pas apparu bien plus tôt…

Tout cela nous est servi par une plume que j'ai trouvée généralement assez plate, à l'image de ces ouvrages de développement personnel précités – ou des rubriques astrologiques dans un hebdomadaire, à mes yeux c'est vraiment du même acabit - où tout le monde peut trouver son bonheur (ou au contraire son malheur), tant c'est impersonnel et ainsi ça peut convenir à tout le monde… ou à personne. de façon évidente, je fais partie du « personne », je regrette mon achat ! Et si je ne donne pas une note complètement négative, c'est parce qu'il y a eu quelques passages sympathiques, mais franchement rien à retenir… et la jolie couverture (eh oui !), même si elle est carrément trompeuse.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}