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Critique de iris29


"Atmosphère, atmosphère...", c'est ce qui ressort en premier de cette lecture, une parfaite immersion dans la campagne anglaise du début du XX ° siècle. Une atmosphère mystérieuse, étrange, un brin inquiétante...


1904.
Ruby May, est une jeune nurse diplômée d'une école très sélective et prestigieuse. Après le départ de la famille pour laquelle elle travaillait, à l'étranger, elle se voit proposer , par sa directrice, un seul poste, auprés de quatre enfants, dans le West Yorkshire, auprès de la famille England qui habite un manoir isolé en pleine campagne. Mr England y posséde une usine de coton.
Nurse, c'est un métier particulier : vous ne faites pas partie du cercle privilégié des maîtres, mais vous êtes au-dessus des domestiques, qui parfois vous le font bien sentir en n'étant pas très aimables...
Et seule, Ruby se sent dans cette maison où il reigne un climat particulier, la mère des enfants ne s'en occupe pas du tout.Presque tout le temps réfugiée dans sa chambre, elle est un peu fantomatique; seul le maître, a une interraction avec Ruby.
Mais elle adore les enfants dont elle a la charge...
Le temps passe, aucune lettre de sa soeur , avec qui elle est particulièrement liée, malgré le fait qu'elle envoie à sa mère la moitié de sa paye..
Mais loin de juger cette famille, Ruby sait que les familles , c'est compliqué et elle essaie de faire au mieux, de ramener la " normalité ", naviguant entre la famille et les "apports extérieurs", dont le percepteur du fils England, fiancé à une des domestiques de la demeure.


C'est un roman remarquable de part son côté historique parfaitement rendu. Extrêmement documentée, Stacey Halls nous immerge littéralement dans la campagne anglaise, nous fait visiter une usine de coton, nous parle des enfants qui y travaillaient, parfois au péril de leurs vies, de l'activité d'un ferronnier, de la vie dans une maisonnée, du rapport entre maitres et domesticité, des rapports de couple à une époque où l'homme était surpuissant. Mais surtout, elle raconte la position d'un enfant dans une famille riche, les liens étranges qu'il y avait entre eux et leur nurse, si familiers , et si distants lorsque l'heure était venue pour l'employée de dire au-revoir à la famille et de changer de lieu de travail. C'était assez particulier, comme un " petit deuil"... L'auteure nous raconte les jeux et activités qui occupaient ces chérubins, les filles qui n'étaient pas obligées d'aller à l'école, l'instruction qu'on leur donnait la position vulnérable des domestiques, obligés de se plier aux quatre volontés de leurs patrons, de courber l'échine, de dire toujours "oui, de ménager les suceptibilités. C'est très fin.

Roman remarquable aussi pour l'ambiance un brin gothique. le danger, la menace sont là, Ruby ne se sent pas bien, parfois psychologiquement, elle est coupée de sa famille, seule, Mrs England , visiblement, est instable. Les amateurs de sensations fortes, s'ennuieront sans doute, ce roman est lent, subtil, et du coup très réaliste.

Je n'avais pas spécialement apprécié Les Sorcières de Penddle, tout en lui reconnaissant d'immenses qualité historiques, et je suis contente d'avoir refait confiance à l'auteure pour m'embarquer ailleurs.
Entre secrets, manipulation, on peut dire que c'est un roman qui fait la part belle aux personnages féminins qui en ressortent grandis...
Trés réussi, cela ferait un film ou une série formidable, tant pour l'ambiance légérement menacante, la campagne anglaise, les belles maisons, un terrible secret, la nature, le côté social des usines de coton qui bousillent la santé des employés, les rapports dominants-dominés (couple/enfants/ domestiques ) et ce personnage de jeune nurse sérieuse , travailleuse, intégre...
J'ai pensé à Rebecca pour l'ambiance "mystérieusement toxique" de la maison (en plus léger) et à Nord et Sud (pour la visite de l'usine de coton).

Une auteure que je suivrai attentivement, désormais ...


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