« Les lois sont comme des toiles d’araignée ; les petites mouches s’y prennent, les grosses passent au travers. » (Sir Francis Bacon)
J'ai laissé échapper un rire bref et je l'ai interrogé:
-Qu'y a-t-il?
La scène la plus incongrue s'est alors déroulée devant mes yeux: le renard a ouvert la bouche et m'a parlé. C'était d'ailleurs une renarde. Elle m'a dit: "Honni soit qui mal y pense"
- Je vous laisse entre femmes parler vertugadins [...].
- Que sont les vertugadins ?
[...]
- C'est une armature en forme de roue que l'on porte à la taille pour faire bouffer sa jupe.
J'avais ouiblié à quel point les conversations peuvent se tenir en silence au sein d'un couple, quand l'autre est pour ainsi dire une partie de soi-même, comme sa chair et ses os, dont on reconnaîtrait le corps entre mille dans l'obscurité la plus profonde.
- D'où viennent toutes ces plantes ? De chez l'apothicaire de Padiham ?
- De chez plusieurs femmes que je connais.
- Des sages-femmes ?
- La plupart des femmes sont pleines de sagesse.
Je n'aurais su dire si elle cherchait à plaisanter.
- Peut-on leur faire confiance ? ai-je insisté.
- Selon le roi ? Non. Il les voue à l'obscurité. Pendant ce temps, les gens continuent à tomber malade, à mourir, à avoir des enfants, alors que tout le monde ne bénéficie pas des services du chirurgien royal. Le roi confond guérisseuses et sorcellerie.
Combien d'enfants aimeriez-vous avoir ?
J'ai serré les bras autour de ma poitrine.
- Deux. Pour qu'ils ne soient jamais seuls comme je l'ai été.
- Un garçon et une fille ?
- Deux garçons. Je ne souhaite la vie de fille à personne.
Rien de tel que la mort pour passionner les vivants
- Il n’y a pas vraiment de différence entre être fille ou épouse. La seule chose qui change, c’est l’homme qui donne les ordres.
Je ne souhaite la vie de fille à personne.
- […] je te demande de promettre que tu feras tout ton possible pour mener cet enfant à la vie. Pour l’heure, je n’en suis pas convaincue. Il te faut davantage de repos, et… d’occupations d’intérieur. Tu pourrais apprendre à jouer d’un instrument au lieu de galoper partout comme un écuyer. Tu as un mari admirable et, si tu te comportes enfin en femme et en mère, tu recevras le don de Dieu. Je n’ai pas uni nos deux familles pour que tu joues à la princesse dans ta tour d’ivoire. À présent, je compte sur ta présence au souper. Tu auras donc l’amabilité de t’habiller et de me retrouver en bas.
En entendant ses pas s’éloigner dans l’escalier, j’ai prié pour que son portrait se décroche du mur et l’écrase dans sa chute.