Citations sur Jón l’Islandais (11)
Le fjord était prodigue, mais il réclamait parfois son tribut. Une barque s'attardait ; sur la côte, l'attente commençait. Les heures, les jours passaient, l'espoir s'amenuisait. Alors, le fjord dévoilait sa face hideuse et pouvait s'abreuver aux larmes des veuves. La mer nourricière se faisait mangeuse d'hommes. Pourtant, les marins remettaient inlassablement les barques à l'eau.
Tu sais mon fils, un mari et une femme, c’est comme les deux berges d’une rivière : il y a des méandres et des rapides, mais aussi des gués. Il faut prendre la rivière comme elle va. Et le temps n’était plus loin où elle allait devenir un torrent infranchissable. Pourtant, on s’aimait sincèrement. J’ai aimé ton père pour son esprit ouvert, sa curiosité,son caractère libre, aventureux. Je l’ai détesté pour les mêmes raisons.
Jon Thorsteinsson, tu dois avoir passé trop de temps à l'étranger, cat tu ne comprends pas la spécificité de l'Islande. Notre beau pays est une terre exigeante. Le climat y est rude, commenous l'avons éprouvé cet été. Nous devons composer sans cesse avec la nature. Quand on néglige la terre s'ensuivent de terribles famines. N'as-tu pas entendu patler de l'histoire de Flöki aux Corbeaux ? On l'appelait ainsi car c'est l'un de ces oiseaux qui lui a indiqué la direction de l'Islande. Il aurait pu en être le premier colonisateur, s'il n'avait pas fait preuve de négligence coupable. Il avait trouvé, au nord du Breidafjord, un endroit si poissonneux qu'il a dédaigné la récolte du fourrage. Alors, tout le bétail amené de Norvège et des Hébrides a péri durant l'hiver. Et Flöki a dû abandonner ses terres. Il n'a laissé à notre pays que son nom, l'Islande. Des générations de bons Islandais ont médité et compris la leçon.
L'homme avait prétendu que ce rocher était habité par les elfes, qui y célébraient des messes à la lumière d'innombrables chandelles.
Non seulement Jon aimait lire, mais il était fasciné par les livres en tant qu’objets capables de renfermer de la culture, du savoir, de la mémoire. La production d’un livre lui paraissait être comme une alchimie complexe, dont il voulait tout savoir. Pour faire un livre, il fallait des hommes capables d’écrire, des animaux -peau de veau et plumes de cygne – , des plantes qui servaient à élaborer l’encre et la couleur.
Il était inutile de lutter contre les mouvements d’un bateau. Ceux qui résistaient se soumettaient immédiatement au mal de mer. Seuls ceux qui composaient parvenaient à percevoir, dans leur chair, les moindres humeurs de leur embarcations.
Je sais bien que tu as mérité d’être arrivé le premier. Mais ne t’en vante pas trop. Les hommes n’aiment pas qu’on ternissent leur réputation, et tu pourrais bien t’attirer des jalousies. N’oublie jamais ça : la première qualité d’un marin, c’est l’humilité.
Les gens débattirent de l’origine des elfes. La plupart expliquaient qu’ils descendaient de certains enfants d’Adam et Eve, que celle-ci avait caché à Dieu car ils n’étaient pas lavés. Dieu avait alors déclaré : « Ce qui doit m’être caché sera caché aux hommes. » Ces créatures équivoques, sans âme, avaient néanmoins le pouvoir de se laisser voir des hommes s’ils le désiraient. Mais d’autres parmi l’assistance prétendaient qu’à la suite d’une révolte au paradis , provoquée par le diable, ceux qui s’y étaient ralliés avaient été relégués en enfer, alors que ceux qui étaient restés neutres a aient été renvoyés sur Terre , condamnés à vivre cachés dans des monticules, des collines et des rochers.
première phrase :
Le nuage fut transpercé de rayons lumineux, et la terre, désormais toute proche, se mit à luire.
dernière phrase :
Entre deux nuages, le soleil illumina les ondulations de la houle qui, inlassablement, labourait la mer de sillons mouvants.
Séra Benedikt pestait contre ces vieilles croyances issues des temps païens, et martelait que ces apparitions n'étaient que des manifestations du démon. Pourtant, chacun savait que le prêtre croyait aux trolls et aux géants, aux revenants et aux elfes, aux esprits de la nature.