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Critique de ElizabethBennet


Vous en avez assez de la grisaille parisienne ? Embarquement immédiat pour des terres inconnues, au siècle des Grandes Découvertes. Bien sûr, il faudra vous armer de patience (eh oui, il faut plusieurs semaines pour atteindre les Indes en contournant l'Afrique, surtout si on fait une petite escale au Brésil au passage...), de courage (pour affronter les tempêtes, les maladies, la faim, l'ennui, les caprices du pilotes mais aussi les attaques des sauvages, au cas où les marins auraient l'idée saugrenue de débarquer pour se dérouiller un peu les jambes), et d'une bonne dose de foi (en vous-même, en vos instruments - loin d'être précis et fiables à cette époque -, en la solidité de votre rafiot, en l'humanité, en Dieu aussi, ça peut toujours servir en cas de vilaine tempête).

Plus sérieusement, voici un roman historique original et très bien documenté, comme l'atteste l'annexe en fin de volume. le travail des éditions Gaïa est également remarquable en ce qui concerne la confection du livre, avec le splendide Padrão Real reproduit en 2e et 3e de couverture. L'auteur parvient sans peine à nous entraîner dans son histoire grâce à sa plume légère et à son style délicieusement suranné, parfaitement adapté à la parlure un peu précieuse de ce cartographe-médecin malgré lui qui fait face avec effroi au manque de raffinement de ses camarades de navigation.

Habilement construit en triptyque, ce roman vous emmène de ce périlleux voyage maritime (dont bien peu reviendront, et pas tout à fait aussi insouciants qu'à leur départ) à l'épidémie de peste qui ravagea Lisbonne et conduisit au massacre des juifs de la capitale (leur implication dans la propagation de l'épidémie ne faisant manifestement aucun doute pour les Lisboètes), en passant par une aventure rocambolesque au cours de laquelle le héros se voit chargé de dérober le Padrão Real, presque aussi bien gardé que les bijoux de la couronne.

Si les personnages secondaires manquent un peu d'épaisseur et d'originalité (l'esclave rusé, le marin bourru, le patron de taverne louche, le soldat débauché...), le héros se révèle assez attachant, bien qu'il puisse aussi se montrer fort agaçant par moments en raison de ses atermoiements et de ses jérémiades répétées. L'intrigue, quant à elle, est plutôt bien construite et rythmée.

Enfin, l'auteur a judicieusement intégré à son ouvrage certains éléments qui ont davantage de résonance à notre époque, par exemple le stress post-traumatique dont semble souffrir le héros, et que, bien évidemment, personne au XVIe siècle ne semble comprendre, la tolérance envers l'adultère, mieux accepté de la part des hommes que de celle des femmes, ou encore la description édifiante du pogrom des juifs, éternelles victimes de l'obscurantisme et de la haine de l'autre.

Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération "Masse Critique". Merci à Babelio et aux éditions Gaïa.
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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