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Critique de KaoriKaonashi


Mélinda, élève en seconde, tente de se frayer un chemin dans cet environnement hostile qu'est le lycée. Rejetée par ses amies de l'an dernier, elle s'enferme dans le silence et la solitude. Ses notes dégringolent, mais elle ne semble pas y prêter attention. Elle aime dessiner des arbres en cours d'arts plastiques, et se réfugier dans un cagibi qu'elle a réaménagé afin de faire la sieste plutôt que d'aller en cours.

Par ce récit à la première personne du singulier, l'autrice propose une immersion dans le quotidien de la protagoniste. le style utilisé joue pour beaucoup dans la fluidité du roman, qui se lit très vite et sans effort.
Nous sommes happés par cette fuite perpétuelle de Mélinda, qui cherche à se fondre dans la masse, à passer inaperçue, à retrouver la sécurité et le confort de la solitude. Il n'y a aucune forme de larmoiement dans le récit, aucun auto-apitoiement, pas de fioritures.

Au contraire, l'autrice nous entraîne dans un tourbillon d'actions, de journées de lycée qui s'enchaînent inexorablement ; et ce faisant, elle joue sur la constante du silence. Mélinda (dont le lecteur suit les pensées) laisse échapper çà et là des allusions à « ça » - mais ne dévoile rien – ni à ses parents, ni à Heather, ni à son professeur Monsieur Freeman, - ni même - au lecteur.

C'est ce silence, qui chez certains lecteurs, a pu créer de la frustration. En effet, en lisant d'autres critiques sur babelio, je me suis rendue compte que certains lecteurs reprochent au livre de ne jamais entrer dans le vif du sujet. Uniquement d'effleurer, de sous-entendre.

Personnellement, je trouve que c'est ce qui rend le livre brillant. Nous n'avons pas besoin de connaître le détail des violences subies par Mélinda, de savoir ni le contexte, ni le qui ou le comment. Tous ces chapitres sont une métaphore du poids qui pèse sur Mélinda, le poids de son secret, de sa honte, de sa souffrance. Ils s'accumulent avec une sorte de fatalité, et symbolisent le long et douloureux chemin, qui – si on le suit jusqu'au bout – peut mener, enfin, à la libération de la parole.

Mélinda décrit sa vie avec beaucoup d'ironie, et montre plusieurs facettes de cette période que d'aucun ose qualifier de « meilleures années de leurs vies » alors que – clairement – c'est une galère sans nom.
L'autrice a cerné et sait retranscrire les angoisses sous-jacentes à cette période adolescente : la peur d'être vue seule à la cantine, le besoin maladif d'être intégré dans un groupe quitte à se plier en quatre ou accepter n'importe quelle situation de domination humiliante pour y parvenir, et à l'inverse, la cruauté née tant de l'égocentrisme et que du flou angoissant de ne savoir, ni qui l'on est, ni ou l'on va.

En ce sens, le roman est bien plus qu'un plaidoyer pour la libération de la parole des victimes. Il offre un regard acerbe sur cette micro-société adolescente en pleine ébullition.

En conclusion, cette lecture a été agréable, très fluide, et je trouve le final très réussi. Un livre que je recommande à ceux qui apprécient le message engagé, mais aussi à tous ceux qui ont détesté le lycée, et qui n'ont pas peur de le dire.
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