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Critique de Kirzy


Kirzy
06 novembre 2019
Quel livre foisonnant et original !!!! Mais attention aux malentendus ou aux attentes déçues que pourraient susciter l'illustration et la quatrième de couverture : un bandeau de Stephen King disant qu'il a adoré ce « roman d'horreur », un maison style hantée prise par des tentacules géants sur fond rouge sanglant brrrr ....

Or, pas de monstres à la Cthulhu à la lecture, pas de bascule dans de l'horrifique pur et dur premier degré. Pas de coeur qui s'accélère en tremblant d'effroi. La couverture américaine est bien plus juste, à mon sens : une main d'enfant qui semble taper dans une patte griffue et poilue d'un monstre hors cadre, un peu à la Max et les Maximonstres.

Car le narrateur, Noah Turner, en voit des monstres. Ou plutôt un monstre qui gratte à la fenêtre, la nuit. Un monstre héréditaire que son père a vu au point de lui construire un sanctuaire sous forme d'une attraction «  maison hantée ». Que sa mère a vu mais a préféré ignorer, qu'une de ses soeurs a vu.

Mais ce monstre qui gratte à la fenêtre n'arrive que tardivement dans le récit. Et c'est là tout le talent de l'auteur que de construire admirablement tout son arc narratif sur un crescendo s'étendant sur plusieurs décennies. Au-delà des citations et clins d'oeil à Stephen King, à Lovecraft ( tous les chapitres portent des titres de romans ou nouvelles de ce dernier, comme la Cité sans nom ), ce jeune auteur a une sacrée personnalité et son univers à lui.

La cosmologie est la branche de l'astrophysique qui étudie les origines, la nature, la structure et l'évolution de l'univers. Là, plus que d'une cosmologie de monstres, il s'agit de raconter la famille Turner, ses origines ( depuis les grands-parents ), ses malheurs et donc ses interactions avec son monstre héréditaire, le tout avec beaucoup de tendresse. Et ce qui démarre comme une chronique banale des hauts et des bas des Turner devient une passionnante exégèse familiale, juste et subtile, avec une part accordée à l'enfance, à l'enfant qui grandit et devient adulte, vraiment très belle. Tous les personnages ont une psychologie fouillée, même le monstre d'ailleurs, qui est très loin des clichés habituels.

Pas besoin de monstres à tentacules pour rendre compte de l'horreur ordinaire lorsque les drames frappent : précarité sociale, cancer, disparition, dépression, des monstres à part entière. Mais à mesure que le récit progresse, la part du fantastique devient de plus en plus prégnante, pas angoissante, mais un malaise affleure page après page, notamment dans la relation qui s'installe entre Noah et son monstre. Rien n'est linéaire, tout évolue, tout est de plus en plus complexe pour sauver sa famille des monstres qui menacent son existence. Jusqu'à un dénouement clair, sans pointillés ou points d'interrogation, qui est vraiment très fort.

Un très beau roman, brillant, original et profond.
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