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Critique de Henri-l-oiseleur


La collection de la Bible d'Alexandrie présente, livre par livre, les diverses parties de la Bible hébraïque et juive, telles qu'elles furent traduites en grec à Alexandrie aux III° et II° siècles avant notre ère. Chaque livre est traduit de la version grecque, abondamment annoté et introduit, étudié dans ses relations avec l'original hébreu, avec les autres livres et selon les interprétations des lecteurs antiques.

Quel est donc l'intérêt, pour le non-spécialiste, de lire pareils ouvrages d'érudition, apparemment réservés aux biblistes et autres savants ? La première raison me semble être ... l'intérêt de lire la Bible. La place et le rôle de la Bible, dans notre culture, rendent impossible de l'aborder comme n'importe quel livre : elle demande de l'attention, du temps et beaucoup de patience. Elle demande aussi l'humilité nécessaire, qu'exigent de nous, d'ailleurs, tous les grands livres : ils sont plus grands que nous, et ce n'est pas à nous de les juger selon nos petits préjugés et ignorances. Cette collection, qui présente un texte annoté et expliqué par de savants hellénistes, aide le lecteur non préparé à entrer dans l'univers biblique oriental par la porte du grec et des grands lecteurs occidentaux, depuis Philon d'Alexandrie jusqu'aux Pères de l'église. Leur aide n'est pas de trop, et ils nous sont résumés sans la moindre intention confessionnelle ou religieuse.

Dans cet ensemble, le livre des Proverbes est probablement le plus difficile à aborder pour un lecteur contemporain. Ces "proverbes" ne proviennent pas de la langue et du folklore courants, mais sont un mode d'écriture particulier, en hébreu comme en grec : il s'agit de donner de façon proverbiale, à savoir rythmée et rimée, les grands enseignements moraux de la Torah d'Israël. Cette morale, disons-le, ne nous dit plus grand chose : deux mille ans ont passé et ont érodé leur antique sagesse. Mais leur expression poétique réveille en nous le goût des fables, des apologues et autres modes d'expression indirecte des idées. C'est donc de poésie qu'il s'agit, et les auteurs de la Septante grecque ont placé à juste titre le livre des Proverbes dans la catégorie des livres poétiques.

On pourrait se lasser de lire à la suite cette collection de proverbes, si l'on oublie leur poésie. Toutefois, j'ai retrouvé dans ce livre certains proverbes fort courts que le Talmud cite et analyse, et le vertige m'a pris en constatant que ces deux ou trois lignes que je venais de parcourir négligemment en une minute, sont étudiées avec une profondeur, un soin et une perspicacité inégalés, dans les pages du Talmud et de ses commentateurs. C'est ce qui arrive quand on "lit" la Bible, et qu'on se rend compte qu'il faudrait, en fait, l'étudier.
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