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Critique de Hosenford


Pan s'inspire de l'histoire vraisemblablement vraie du lieutenant Thomas Glahn, un « ermite vivant » qui vit en symbiose avec la nature, vivant dans une hutte dans une forêt du Nordland (Norvège). Cette communion avec la nature se traduit par les nombreuses séances de chasse, accompagnées de son chien Esope - son seul compagnon fidèle - mais aussi de promenades particulières au sein de celle-ci au fil des saisons. le lieutenant Glahn est un personnage solitaire, exclu d'une société dont il ne connaît peu les codes. D'ailleurs, il s'exclut lui-même en nommant tout groupe de personne : « la société ». Pourtant, ce n'est pas un personnage asocial : il répond positivement aux invitations et cherche à attirer l'attention, particulièrement pour des femmes qui vont bouleverser sa vie. Effectivement, sa vie se retrouve chamboulée lorsqu'il rencontre Edvarda, une femme à la soif de pouvoir, qui se révèle apparemment manipulatrice. C'est alors tout un amour maladif et jaloux qui naît et qui prend appui progressivement sur deux bouc-émissaires qui deviennent les piliers de cette confrontation littérale qui fait souffrir les quatre protagonistes. C'est une lutte constante entre les deux protagonistes, jalonnée d'événements. Finalement, ce roman relate la vie du lieutenant de Thomas Glahn, mais ce qui fait sa particularité, c'est que nous avons également un texte annexe – plus court – centré sur la mort du lieutenant, raconté par un narrateur contemporain qui lui est hostile. C'est ainsi que l'on peut apprécier ce livre, deux histoires et deux fins différentes avec comme point commun : un homme très singulier.

Il est rare que mes lectures mettent au premier plan une histoire amoureuse. Mais celle-ci est étonnante, presque originale j'oserai dire puisque ce n'est pas de la naïveté, ce n'est pas de l'amour du XXIe siècle, ce n'est pas quelque chose de « chouchou-loulou ». Cette histoire, on pourrait le croire, pourrait être fictive tellement les événements sont particuliers. Et parfois même, on pourrait remettre en cause la réalité de ceux-ci par le caractère exceptionnel et étonnant des péripéties. Actuellement, quand j'écris cet avis (à chaud, juste après la lecture), le personnage de Glahn – et celui d'Edvarda – sont des personnages aux problèmes psychologiques, qui sont détruits moralement par cette histoire ; et c'est terrifiant car je me sens ancré, je me sens happé par ce discours presque horrifique et traumatisant de cet amour inconditionnel et maladif. J'ai l'impression d'avoir vécu moi-même cette histoire et je pense qu'il me faut une bonne nuit de sommeil pour m'en détacher. Et quel étrange sentiment que ce livre nous impose alors qu'il n'est pas un thriller, ni un roman à suspens ! Je me dis : comment peut-on commettre ces actes ? Comment peut-on réagir comme cela ? Comment cela peut-il avoir existé ? Mais malgré cette intrigue intéressante, on peut s'interroger sur la qualité de la fin. Alors qu'on pourrait s'attendre à un rebondissement, à quelque chose presque d'inexplicable, on peut se sentir déçu. Pourtant, il ne faut pas cracher dans la soupe ! Effectivement, elle se révèle en fait très réaliste, offrant ainsi un nouveau côté perturbant à l'histoire.
Pour le style d'écriture, ce roman a été publié en 1894 en norvégien, puis traduit en français. Il ne faut pas s'attendre à des tournures de phrases du XXIe siècle, mais c'est quand même plus compréhensif que l'ancien français. C'est un style d'écriture très intéressant, dans lequel on apprend pas mal de vocabulaire, notamment sur la nature et la chasse. Et c'est vrai que l'on sent véritablement cette communion avec la nature, ce paysage développé qui ne quitte jamais l'histoire. le style d'écriture permet aisément de reconnaître les perturbations morales et psychiques des personnages, nous offrant ainsi la possibilité de les critiquer au fil des chapitres très courts. Il est aussi excellent dans le domaine moral ce style, permettant l'écriture de phrases brillantes que l'on peut conserver en tant que citations.
Finalement, ce roman nous permet d'appréhender une vision plutôt malsaine de l'amour, d'un amour qui n'est ni tout blanc, ni tout rose et semé d'embûches. On peut ainsi se poser des questions sur les limites de l'amour, et des sentiments – parfois exagérés – qu'il provoque et peut-être ainsi remettre en cause ce domaine qui est tant idolâtré et protégé. C'est un texte qui met en valeur une nature vivifiante et régénérant, et qui nous questionne sur les effets de la société sur les esprits.
Lien : https://leschroniquesdejerem..
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