Tout d'abord, parlons des personnages, en commençant évidemment par notre bon vieux Hercule Poirot.
On le retrouve, au début, dans un restaurant, le Pleasant's coffee house, qu'on pourrait qualifier soit de modeste soit d'un peu miteux. Rien de symétrique ni de vraiment nickel dans la propreté, mais alors pourquoi Poirot s'y rend t-il ? On lui a dit que la nourriture est bonne, donc il y va. La vue de ce restaurant douteux ne l'a pas choqué. Foi de fan de Poirot, rien que cela m'a déjà fait tilté. Ajoutons à ça le fait qu'il donne un surnom affectueux à une serveuse dévergondé, qui est donc cet homme déjà ?
Ha oui ! Hercule Poirot ! Un Poirot dont l'auteure a décidé qu'il serait fatigué, les petites cellules grises en ébullition. Il doit se reposer dans l'anonymat total. Oublions donc le Poirot qui adore l'activité cérébrale et la célébrité, et qui déteste l'ennuie pour nous focaliser sur cette incohérence. Il doit se reposer, oui, mais pas chez lui. Impossible ! Les stimulations intellectuelles y étant trop nombreuses, comme dans tout son environnement et ses connaissances en général. Il déménage donc dans une pension juste en face de chez lui.
Comment cette version de Poirot mène-t-il son enquête ? Dans la quasi-totalité de celle-ci, il passe son temps à s'inquiéter pour une inconnue car il a l'impression, oui seulement l'impression, qu'elle est en danger et est mêlée à son enquête. Pourquoi ? Allez savoir ! Il passe tout le roman à lui courir après et ne parle presque que d'elle.
Comment mène-t-il ses interrogatoires ? En faisant une réunion avec tout le monde et en posant les questions à la ronde. de nouvelles méthodes qu'il utilise là et qui le brouille d'autant plus par la suite et prouve son inefficacité. Je n'en dirai pas plus, ce serait spoiler. Poirot aimé se donner en spectacle, cette, mais pas au détriment de l'enquête.
Nouvelle méthode encore. Celle de prendre le bus pour chercher son inconnu au hasard car "il faut bien commencer quelque part". Et ça lui permet, visiblement, de s'aérer la tête car ses cellules grises surchauffent. J'ai vraiment commencé à rager et lâcher ma lecture à ce moment-là.
Passons à son acolyte du roman, l'inspecteur Edward Catchpool. Petit londonnien de base qui n'aime pas sortir de sa sainte capitale, à la phobie qui le freine dans son métier. Traitant régulièrement Poirot de vieux fou, tout ce qui dépasse son imagination n'est pas possible ni envisageable, ce qui est très agaçant. Ayant une relation d'élève auprès de Poirot, il n'apprend rien de ce qu'il lui enseigne, rejetant en bloc ce que Poirot lui dit car il ne pense pas cela possible. Sa phobie des cadavres est d'autant plus gênante que son origine est ridicule. On le voit flipper régulièrement sans aucune évolution de personnage là-dessus.
Dans l'enquête, il ne fait pas grand-chose. Il suit Poirot. Rien d'intelligent, pas de découverte à son crédit, rien. Il patauge en suivant Poirot qui est obligé de tout lui réexpliquer régulièrement pour qu'il puisse suivre. Et ce n'est pas le début de romance avec la serveuse du Pleasant's coffee house qui le rend plus intéressant.
L'histoire en elle-même est assez classique mais plutôt bien vu et imaginé. J'y vois deux partie, les meurtres à Londres et début d'enquête puis le passage à Great Holling où tout se met en place doucement. le gros problème est que chaque élément qui peut être mis dans son contexte vient contrarier le précèdent et changer entièrement la version connue des faits. Ce qui a pour effet de réitérer les explications du début à chaque fois. Extrêmement relou.
En bref, un Hercule Poirot qui n'est pas lui-même, un inspecteur plante verte et râleur qui patauge dans une enquête assez répétitive. Heureusement, l'histoire de Patrick et Frances Ive est plutôt prenante, ce qui permet de lire ce roman jusqu'au bout.
Commenter  J’apprécie         20