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Critique de lafilledepassage


Disons-le tout net : je n'ai pas aimé cet essai.

Je sais que je vais me mettre à dos beaucoup de Babeliotes (avec une note de 4,27 pour 567 votants et une côte de 5 sur 5 attribuée par la moitié de critiques), alors je vais tenter de me justifier. Exercice périlleux, j'en conviens.

D'abord, je regrette que dans un ouvrage écrit par un universitaire, potentiellement présenté comme une référence dans son domaine, il n'y ait quasiment aucune mention des sources utilisées. Certes au début il y a bien quelques références, mais elles se font de plus en plus rares au fil des pages.

On me dira qu'il y a des chiffres, pas mal de chiffres au début … et ça, ça fait toujours bien, des chiffres. Cela donne un air de sérieux, d'objectivité. Les chiffres, c'est du lourd, du solide. Sauf que retirés de leur contexte et coupés de leurs sources, les chiffres eh bien cela ne veut absolument rien dire. Ou plutôt on peut leur faire dire n'importe quoi, aux chiffres.

Harari parle dans son essai de Jared Diamond. Il se trouve que je possède « de l'inégalité des sociétés », (que je n'ai pas encore eu le plaisir de lire) et j'ai vérifié : à la fin il y a bien une (longue, très longue) bibliographie. Je trouve que Monsieur Harari devrait s'en inspirer.

Et puis il y a le ton. Je dois bien avouer qu'au début j'ai été séduite par cette plume légère, ces phrases bien tournées, teintées d'humour (j'ai beaucoup aimé l'accusation portée contre les moustiques inopportuns de comportement contre-nature …), cette lecture facile. Mais petit à petit je me suis sentie mal à l'aise, comme prise au piège, comme à l'étroit. le ton de l'historien s'est fait un peu trop péremptoire, la nuance a peu à peu disparu.

Et puis il y a cette page 161 où l'auteur nous balance une formule de mathématique. J'adore les maths que j'ai étudiées à l'université (eh oui, on peut aimer la littérature, la poésie, la mythologie ET les math, ce n'est pas incompatible, loin de là), mais là me prendre une formule en pleine figure, tombée du ciel, sans explication, sans justification, sans raison, sauf celle d'en mettre plein la vue et de montrer à monsieur et madame tout-le-monde qu'attention les maths c'est très compliqué, mais moi, super historien, je vais tout vous expliquer. Vous verrez, faites-moi confiance, je vais tout vous interpréter, je vais tout vous simplifier …

Et à partir de ce moment-là, je ne suis plus sûre de rester objective … A partir de là, le sieur Harari a sérieusement commencer à me taper sur le système. J'ai poursuivi ma lecture avec un très gros a priori négatif, je dois bien l'avouer, avec la volonté de chercher la petite bête … Je citerai trois opinions de l'auteur, présentées comme des vérités scientifiques, et qui m'ont fait bondir.

Premier exemple (déjà partiellement évoqué plus haut) : « les employés de bureau et les comptables ne pensent pas en êtres humains. Ils pensent comme on remplit des dossiers. […] Libre association et pensée holiste ont laissé la place au compartimentage et à la bureaucratie. ». Bon je comprends que cela fasse sourire la plupart d'entre nous qui ont déjà eu maille à partir avec leur administration. Mais je m'insurge contre ce discours pseudo-scientifique (c'est plutôt le discours des dirigeants et des ressources humaines des grandes entreprises) qui veut que parce que vous êtes plutôt rationnel, logique et organisé, vous êtes incapable d'imagination, de poésie, de créativité et d'émotion. Je connais des comptables, des ingénieurs, des mathématiciens, des astrophysiciens poètes ou artistes à leurs heures. le cerveau humain n'est pas unidirectionnel et il est dangereux de penser l'être humain en terme de catégories. D'autres exemples de ce type prolifèrent dans le livre.

Deuxième idée très séduisante mais tout à fait fausse : « Les ressources à la disposition de l'humanité ne cessent de croitre et continueront probablement sur cette lancée. » Oui, moi aussi j'aimerais y croire, mais tout le monde sait que les ressources de la terre sont limitées, que notre planète est un système fini. Seule la connerie humaine me semble infinie, en fait.

Dernier exemple : « le malaise du Tiers Monde n'est-il pas simplement l'effet de la pauvreté, de la maladie, de la corruption et de l'oppression politique mais aussi celui de la simple exposition aux normes du Premier Monde ? ». Là, franchement, tant de mauvaise foi me laisse sans voix ! Cachez cette opulence, ces gaspillages, cette liberté, les pauvres nous regardent ! Cela pourrait leur donner des idées, des revendications peut-être. Tout simplement scandaleux !

Et j'arrête là. D'accord ce n'est que mon avis, qui ne vaut pas grand-chose comme dirait une certaine Babeliote. Je ne me prétends pas experte en quoi que ce soit et mon avis n'est basé que sur mon ressenti, mon expérience et mes lectures (qu'il me serait impossible de lister. Eh, pourquoi devrais-je le faire, moi, lectrice lambda ?)

Inutile de préciser que, depuis cette lecture, j'ai retiré mon nom de la liste d'attente de la bibliothèque pour le dernier opus « Homo Deus ». Il y a beaucoup mieux à lire.
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