AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 4bis


La lumière ne venait pas du ciel. Elle advenait de l'herbe et des jeunes feuilles que l'érable champêtre contenait encore en bourgeons à peine éclos. Dans un renversement stupéfiant, c'est tout le vert dont le jardin était à nouveau paré qui rayonnait. La sève triomphait sous le jour gris et tandis qu'un merle mettait sa plus belle ardeur à déterrer larves et vers dans la pelouse, je sentais en moi une lassitude bien connue, une torpeur qui avait saisi chacun de mes membres et engourdissait mon esprit. Faussement immobile, la vue depuis ma fenêtre exultait un renouveau dont j'étais incapable de me saisir et tant que je le regretterais, rien ne saurait me distraire de cette impuissance.
J'ai entrepris alors ces tours dont je suis coutumière, sorti la jolie théière de faïence que j'avais chinée en ligne quelques semaines avant. Ses motifs bleus de papillon et de branches fleuries venaient rencontrer les courbes avantageuses de ses flancs. L'eau sur le thé et les arômes de la bergamote qu'il me suffit parfois de humer pour me sentir rassénérée. Une tasse assortie, trouvée ailleurs, porteuse des traces de presqu'un siècle. Un petit cake qui avait échappé aux fringales de mon cadet, et un livre. L'impression de communier avec le jour et de ne plus lui résister.
Pour ce genre de circonstances, il faut quelque chose de sûr. Quelque chose qui vous porte plaisamment. Qui soit déjà advenu et qui n'offre aucune controverse. Une histoire de prince et de princesse qui se seraient promis l'un à l'autre et qui découvriraient, par-delà le devoir, la merveille d'un sentiment partagé. Dans l'après-midi qui s'étirait, j'ai trouvé une place paisible pour vivre le printemps.
Commenter  J’apprécie          1912



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}