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Critique de la_chevre_grise


Le style est un peu dérangeant au début. Mais très vite, on comprend que c'est par ce biais que l'auteur dépeint son héroïne : Bessy est attachante, pleine de vie et de gouaille, elle ne se morfond pas malgré la vie sordide qu'elle a pu mener avant d'arriver à Castle Haivers. Pas de tristesse, pas d'ambiance sombre, Bessy nous ramène vite dans la lumière et son attachement à « maîtresse ».
L'art de Jane Harris est de ne lever le voile sur le passé de Bessy que par petites touches, nous entraînant toujours plus loin dans le récit et dans l'enquête sur les circonstances de la mort de Nora, la servante irlandaise qui a précédé Bessy au poste de bonne à tout faire. L'alternance entre le récit à posteriori de Bessy et les extraits de son journal ou des Observations de Lady Arabella ajoute à cette envie de tourner les pages sans s'arrêter. Car Bessy n'est peut être pas très cultivée, même si elle sait lire et écrire, phénomène plutôt rare à l'époque, mais elle est fine, pleine de caractère et courageuse, tout en faisant preuve de naïveté parfois. Elle n'a pas peur d'affronter la vie et fait preuve d'humour, malgré les sujets très graves qu'elle aborde parfois, comme son enfance miséreuse, sa mère qui se prostitue et ne pense qu'à ses amants de passage, allant jusqu'à prostituer sa propre fille !
Entre une maîtresse aux lubies quelque peu étonnantes et un maître pingre qui ne prête attention à personne, elle n'est pourtant pas très gâtée. Mais elle a connu tellement pire qu'elle s'attache à cette famille et à ce domaine, sans oublier pour autant d'être une observatrice attentive. Car au final, ce n'est pas tellement un portrait d'une servante au XIXe siècle que le lecteur lit, mais bien davantage celui des maîtres. Et là, surprise : ce qui au départ ne commençait que comme un jeu, une innocente vengeance contre sa maîtresse qui ne s'intéressait à elle que pour arriver à ses fins, se termine en drame : la folie. On n'est pas loin des ambiances un peu gothiques typiques du XIXe siècle : une demeure froide pleine de courants d'air, une mort étrange et suspecte, des mystères à éclaircir, un revenant peut être... Face à ces phénomènes étranges, Lady Arabella perd pied. Et son mari, loin de l'aider et plein de cynisme (comme le montre la conversation que surprend Bessy, cachée derrière le rideau), ne pense qu'à sa future carrière politique.
Bessy, elle, continue de soutenir sa maîtresse, lui reste attachée malgré tout, et continue à faire preuve d'humour et de répartie. Pour apporter cette légèreté, elle est aidée par la galerie des personnages secondaires : Hector, qui la poursuit de ses assiduités ; Nora, qui fait des apparitions à l'origine de certaines situations ; le révérend Pollock, dont les discours pompeux ennuient tout le monde ; Janet, la tenancière qui colporte les ragots...
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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