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Critique de bgbg


bgbg
29 septembre 2021
Odyssée à travers les États-Unis dans les années 60, rassemblant le narrateur et un couple d'amis, dont l'objectif est de faire sauter un barrage sur le Grand Canyon. Ce trio n'a rien d'un mouvement terroriste, il s'apparente plutôt à des bouffons en mal de mauvais coups.

Le narrateur se trouve à Key West, dans un archipel à l'extrémité sud-ouest de la Floride. Entre deux joints et deux rasades de whiskys, il n'a d'autre activité que la pêche tropicale au tarpon, gros poisson sans grâce. À l'occasion d'une rencontre avec un autre pilier de comptoir, il avance que l'on va construire un barrage sur le Grand Canyon, et l'idée germe qu'il y a là une belle opportunité de le faire sauter : l'idée vient de Tim, un ancien du Viet Nam, baraqué, balafré, probablement très séduisant si l'on en juge l'attachement de Sylvia à sa personne. Amour non réciproque, Tim étant à la fois obsédé par les amphétamines qu'il consomme à l'excès au point de le rendre impuissant, et par son objectif de dynamitage. Quant au narrateur, il est tout simplement amoureux fou de Sylvia, de ses jambes, de son cul, de sa personne très directe, et de la distance qu'elle établit entre elle et lui. Ce qui n'empêche pas quelques attouchements plus ou moins pénétrants par effraction ou consentement furtif. L'ambiance est très relâchée, une certaine vulgarité au rendez-vous, la subtilité doit se chercher entre les lignes.
Ainsi sont traversés les États-Unis, de la Floride au Colorado en passant par le Montana, dans les vapeurs d'alcool et les volutes des joints de marie-jeanne. Et Jim Harrison, le narrateur, n'a de cesse de rêver à ses petites rivières où frétillent ces truites arc-en-ciel qu'il aime tant pêcher. Là est sa raison d'être, et faire sauter un barrage n'est pour lui qu'un expédient. Qui se conclura cependant par mort d'homme et de vache.
Un roman écrit dans la facilité par un Jim Harrison tout en verve et vérité, sans recherche d'effet littéraire, mais où finit par apparaître un style, une respiration, des rêves d'ailleurs. Cela m'amène à me poser la question : de quoi est fait Jim Harrison ? on connaît sa passion pour la chair, les femmes en particulier, pour la bonne chère aussi et les vins solides, on devine ses passions de toujours, pêche, chasse, nature, amis, poésie, on en a fait un homme de désirs, de fantasmes, en négligeant peut-être sa sensibilité extrême et sa générosité, ses failles, son humanité. Et finalement, ce style sans recherche apparente, sans grandiloquence, sans emphase, devient une véritable prose moderne qui nous fait sentir tout ce qu'il y a de spontané, de vivant, de vibrant, d'actualité dans la littérature.
(29 septembre 2021)
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