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Critique de horline



Comment Chûchui, jeune homme courtois et bienveillant a pu devenir un vieil homme acariâtre et méprisant ? Transformer sa propriété en une montagne de déchets dégageant une odeur pestilentielle l'été, provoquant l'exaspération et la haine des riverains ?

C'est cette histoire qu'Osamu Hashimoto a choisi de raconter dans le Pèlerinage en retraçant la vie d'un homme blessé qui a choisi de se réfugier dans le silence et le chagrin. Un homme bousculé par les bouleversements qui ont fait entrer le Japon, société traditionnelle et ancestrale dans l'ère de la société moderne et individualiste. Incapable de suivre la marche effrénée du Japon d'après-guerre vers la société de consommation, Chûchui s'est enfermé dans un monde où le temps n'a plus cours, où ses souvenirs se sont effacés, un monde dans lequel où même les muscles de ses lèvres se sont endormis. Accumuler les ordures dans son jardin comme pour occuper le vide de sa vie. Pris par un sentiment de désillusion, on se demande ce qui pourrait sortir le vieux Chûchui de sa torpeur…

C'est un roman sorti en toute discrétion, il se savoure lentement et pourtant il laisse une empreinte particulière dans la mémoire du lecteur. Non en raison de l'écriture, sèche voire dégraissée. Mais plutôt parce qu'il investit le récit d'une nostalgie de l'âge qui étreint le coeur, la nostalgie est le thème même du roman avec l'intensité de l'émotion que peut susciter le temps qui passe.
Toutefois c'est un roman qui demande de la persévérance et de dépasser la première partie quelque peu laborieuse pour être séduit par une tendresse qui irrigue calmement, obstinément le récit. Engluée dans le sentiment d'impuissance des voisins, l'intrigue ne se déploie qu'à partir du moment où Osamu Hashimoto remonte le cours de la vie de Chûchui avec la force des drames muets. Une langue peu travaillée qui laisse entrevoir les émotions sous forme d'ombres chinoises, une forme insaisissable et tenace de tristesse qui donne du relief à la banalité des mots.
Mine de rien on retient une histoire superbe pleine d'humanité, éblouie par la force tranquille du temps qui passe.
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