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Critique de chocobogirl


Doug Fanning est un homme à qui tout réussi. Fuyant une mère alcoolique, il s'est engagé dans la marine sans plus lui donner de nouvelles. En pleine guerre du Golfe, il doit faire face à un évènement dramatique dans lequel il est impliqué : la mort de dizaines de civils.
A son retour, il rentre chez Union Atlantic, une des plus grandes banques américaines dans laquelle il réussit à faire sa place et à devenir le trader le plus important aux yeux de son directeur. L'argent coule à flot et s'il n'a pas de famille à qui consacrer son temps, il décide néanmoins de se faire construire une superbe villa à Finden, une banlieue chic et calme.
Sauf que cette intrusion, sur les anciennes terres de son père autrefois couvertes de bois, ne plait pas du tout à sa vieille voisine, Charlotte Graves qui persiste à vivre dans sa vieille maison à moitié abandonnée.
Une réfractaire à tout ce qui est le symbole du capitalisme ranpant et qui ne va pas hésiter à aller au procès...

Grande fresque contemporaine, "L'intrusion" se révèle un récit assez foisonnant qui coure sur plusieurs années, offrant ainsi un véritable portrait de la société américaine des années 2000.
Doug, le personnage principal, est un arriviste puant qui se révèlé égoiste et manipulateur. Il a construit sa fortune et son succès sur un coup de poker et n'hésite pas à jouer en marge de la légalité avec son copain Mc Teague. Mais les dividendes seront-elles toujours au rendez-vous... ?
Charlotte Graves est une ancienne professeur d'histoire mis prématurement à la retraite à cause de ses opinions tranchées et passéistes. Elle vit avec ses 2 chiens et, un peu folle, a de longues conversations avec eux. Son frère Henry, président de la Réserve Fédérale, et sauveur de crise pour les banques en difficultés cherche en vain à la placer en maison de retraite.
Il y a Nate aussi, un jeune adolescent qui prend des cours de rattrapage un peu foutraques chez Charlotte. Un garçon un peu perdu qui a découvert le suicide de son père et découvre sa propre homosexualité par le désir qu'il manifeste à l'égard de Doug.

Des personnages très différents qui forment le portrait d'une Amérique en crise, oscillant entre guerre et crises financières. Une vision pessimiste où l'argent et l'intérêt personnel prime sur le reste, où on peut tuer des civils et se voir décerner des médailles, où on peut trahir ses idéaux pour plus d'argent ou plus de plaisir, où l'égoisme dirige le monde.
On y verra une adolescence dérisoire démotivée et trouvant dans les drogues les dérivatifs faciles pour oublier le monde des adultes. On y verra des riches s'illusionner avec de grandes fêtes où étalage de biens rime avec ridicule et vacuité de leur vie. On y verra des classes pauvres qui s'oublient dans l'alcool avec des fils qui cherchent revanche sur la vie. On y verra des noirs qui devront leur succès à de prétendues attentions au nom de l'égalité des races.

Bien que très critique et offrant plusieurs pistes de lectures assez riches, "L'intrusion" se révèle néanmoins assez difficile à suivre parfois. Les longues explications des mécanismes financiers concernant le travail de Doug sont quelque peu obscures pour les néophytes de la finance comme moi. Une petite simplification n'aurait pas eu d'incidence notable sur la narration et permettrait au lecteur de ne pas se perdre dans les rouages des banques d'affaire. Ce n'est qu'en rédigeant ce billet que j'ai compris où l'auteur voulait en venir avec ses multiples intrigues croisées.
On ne manquera pas, bien sûr, de faire un parallèle avec la crise financière qui nous a touché et des fraudes récurentes des traders (Madoff and co).
Capitalisme contre humanisme : quelle Amérique gagnera ? Dans tous les cas, la victoire aura un goût amer...

Un livre très intéressant donc sur les Etats-Unis mais qui se révèle un peu noyé dans un jargon financier un peu hermétique.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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