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Critique de AMR_La_Pirate


Je tiens à remercier Karine Haulin qui m'a proposé la lecture de ce court roman en échange d'une critique. Sa confiance me touche.
Autopsie d'un coeur amoureux est annoncé comme la descente aux enfers de Marie, une quarantenaire qui subit une rupture après huit ans de vie commune. Je ne suis pas forcément adepte de littérature sentimentale ou de romance mais, toujours curieuse, j'ai hâte de voir comment l'auteure va mettre en scène et en mots la détresse, la solitude, les souvenirs obsédants et les questionnements… d'autant plus qu'une certaine poésie émane de la présentation de son livre.

Le titre déjà est évocateur : une autopsie est toujours précise et minutieuse, sans état d'âme puisque qu'elle s'exécute sur un cadavre… le fait de disséquer un organe demeure parlant et illustre une certaine technique chirurgicale et des connaissances médico-légales et scientifiques ; le coeur au sens propre n'est qu'un muscle, un moteur, certes essentiel, mais de l'ordre du physique et du concret tandis qu'au sens figuré, il est le siège métaphorique des sentiments et de l'affect.
Je ne vous apprends rien, mais il me semble important de poser ces quelques jalons sémantiques…

Bien sûr, ce n'est pas très original, une rupture, entre le pourquoi et le comment, le gâchis, les causes et les conséquences : « tombé amoureux - Une autre -Désolé - Partir ». Tout est ici dans l'art et la manière de revisiter le thème.
L'écriture est à la première personne, donc à fleur de peau, dans l'urgence du ressenti, sous la forme d'un monologue pas vraiment structuré, mais rythmé par une respiration, scandé par des émotions. Cependant, j'ai du mal à définir le style de Karine Haulin, entre poésie en prose et vers libres, entre chanson et improvisation, entre narration et introspection. C'est lyrique, musical, sensoriel… C'est même très beau, par moments.
Ce petit livre a sa bande -son, avec une longue citation d'une chanson de Louis Bertignac mais aussi peut-être en filigrane Je suis malade de Serge Lama.
C'est un récit court, 123 pages à peine ; il aurait peut-être mérité d'être encore plus travaillé, épuré pour n'en garder que les passages les plus forts, les plus denses. En effet, la qualité de l'écriture est inégale ; certains passages détonnent un peu dans l'ensemble.

Je salue une certaine modernité dans le traitement du mal d'amour. D'une situation individuelle, Karine Haulin dévide un récit universel, stylisé, esthétique au gré des étapes vécues par son héroïne : l'annonce brutale, le repli sur soi et l'évitement, les tentatives de reconstruction, les mises au point, l'espoir que les choses peuvent encore s'arranger, la dépression, l'idéalisation de l'histoire finie et enfin l'acceptation et la faculté de parler de cet amour au passé…
Autour de la femme abandonnée gravitent des personnages qui servent de révélateurs dont la meilleure amie, Gaëlle, également poche de Pierre, l'homme qui l'a quittée, ainsi que d'autres couples, des amis, des collègues. Les évènements se suivent et s'enchainent ; malgré la rupture, la vie continue avec ses obligations tandis que les souvenirs s'égrènent aussi, flashbacks valorisés par l'italique.
Plus qu'un roman, c'est un essai sur la rupture et ses conséquences ; en effet, les causes sont à peine effleurées dans les explications confuses de celui qui part et dans l'autocritique de celle qui reste. Il y a très peu d'actions à proprement parler : tout est dans l'introspection et le ressenti.

En conclusion, je dois dire que cette lecture est une bonne surprise… Les promesses du titre sont tenues, le pacte de lecture respecté. Tel quel, ce court roman est assez inclassable entre romance, feel-good et essai psychologique.
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