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Critique de Scaldie


La Règle de trois est un court manga en deux volumes, publiés dans la collection Sakka des éditions Casterman et parus simultanément sur les étagères de nos librairies. À la fois doux-amer et mélancolique, ce titre nous raconte le destin lié de deux amis d'enfance, tombés amoureux de la même femme, à l'aune de la disparition de l'un des deux.

Si le titre commence d'une manière très classique, voire consensuelle, pour présenter les trois protagonistes dessinés sur la couverture et le lien triangulaire qui les unit, La Règle de trois se transforme au fil des pages en quelque chose de moins commun, sans qu'on mesure vraiment à quel moment la magie s'opère.

En effet, ce manga s'attaque à un schéma narratif éculé, mille fois utilisé dans la bande dessinée nippone : celui du triangle amoureux. Et justement, la force du titre, c'est d'avoir réussi à proposer quelque chose d'original sur cette base usée jusqu'à la corde. Car du triangle qui unissait les protagonistes, il ne reste que deux éléments : la femme et celui des deux garçons qui l'a épousée. L'autrice évoque donc avec une certaine mélancolie, teintée d'amertume, le quotidien passé des trois amis, à l'aube de leur vie d'adulte, à une époque où ils étaient encore tous ensemble.

Et donc, peut-on encore parler de triangle amoureux quand dès le début du manga, l'autrice nous indique que deux des membres ont toujours été en couple, et qu'ils sont mariés depuis plusieurs années ? À vous de le découvrir.

Au fil des flashbacks, entre souvenirs et regrets, on remonte le fil de l'histoire et on découvre toute la complexité des sentiments qui ont pu être éprouvés par les uns et les autres – donnant une tonalité et une résonance toute particulière à l'ensemble, du fait de la mort de l'un des trois protagonistes. Une atmosphère douce et amère, nostalgique et poétique, parfois lumineuse, parfois plus ombragée.

Les sentiments de l'époque où ils étaient trois continuent d'imprimer leurs marques sur le comportement des deux protagonistes. Dans ce tome 1, on découvre principalement le point de vue de Kôtarô – ses regrets vis-à-vis de son lien avec Tôru, ses remords d'avoir laissé se déliter leur amitié jusqu'au point de non-retour, son complexe d'infériorité et son manque de confiance en lui surtout quand il s'agit de son couple avec Tôko. Et la fin du volume laisse imaginer une seconde partie davantage centrée sur cette dernière… Dans les ultimes pages, la jeune femme paraît plus secrète et mystérieuse qu'elle ne l'a laissé paraître tout au long du premier volet. Car en refermant le manga, subsiste toujours la question du début : pourquoi Tôru a-t-il fini par disparaître de leur vie ?

Servi par un joli trait plutôt épuré, le manga questionne donc les choix qui s'opèrent lors du passage à l'âge adulte, les regrets et remords qui peuvent être éprouvés par tout un chacun quelques années plus tard, ainsi que la complexité des sentiments amoureux. Son ton est résolument mélancolique, alternant entre moment de douceur et moment plus amers. Un peu à l'image de la couverture.

Une belle découverte donc, et je lirai le 2e tome avec intérêt. Merci à Babelio et aux éditions Casterman pour l'envoi de ce manga, lors de Masse Critique.
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