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Critique de Camille_LaChenille


A Thousand Ships est un poème épique incroyable, qui donne voix aux femmes du cycle de la guerre de Troie. Toutes les femmes, même celles dont le nom est à peine plus qu'une note de bas de page. Chaque chapitre est à la fois vite lu et extrêmement dense, résumé d'une vie entière ou presque. Et chaque page contient des citations incroyablement fortes et actuelles, dès le début. J'ai d'ailleurs rarement autant annoté et souligné un livre, même les lectures pour les cours.

L'autrice donne la parole à Calliope, la muse de la poésie épique, et la fait s'adresser au lecteur-ice. Et Calliope est agacée : les poètes ne chantent que les hommes, les héros. mais qu'en est-il des femmes ?
Ainsi, tout au long des pages, se déroulent la tragédie à la fois personelle et universelle des survivantes, des vaincues, des oubliées des récits épiques.
Et entrer dans les pensées d'Hécube, reine de Troie, d'Andromaque ou de Cassandre, mais aussi des femmes restées au pays comme Pénélope ou Clytemnestre, donne une dimention nouvelle à la guerre de Troie et aux mythes. Les héros tant glorifiés ne sont plus que des hommes brutaux, des guerriers sans pitié ou des souvenirs qui hantent les protagonistes. Et, de ces nombreuses voix, s'élève l'amertume et la douleur des oubliées.

Le style est le grand point fort de ce roman et, comme je l'ai déjà mentionné plus haut, j'ai souligné énormément de passages. Natalie Haynes a réussi à donner une voix propre et reconnaissable à chacune des femmes, la rendant humaine et crédible. Toutes portent en elles une douleur immense, un deuil et une amertume qui menace de les consumer jusqu'à la folie, et qui en emporte certaines, mais elles ont aussi un courage incroyable qui leur permet d'affronter leur sort. Les troyennes ont tout perdu mais réussisent à préserver leurs dernières bribes de dignité et d'espoir. Pénélope croit au retour de son mari jusqu'au bout, malgré des anées de doute. Thétis fait tout ce qu'elle peut pour son fils en le sachant condamné à l'avance.
Et il y a les trois déesses, Athéna, Aphrodite et Héra, qui ont, comme le dit l'autrice "la maturité émotionelle d'un enfant de trois ans, unie à l'immortalité et un pouvoir terrifiant". Ces trois femmes surpuissantes qui ont détruit des milliers de vies par simple caprice. Natalie haynes rend parfaitement leur comportement d'enfant pourrie gâtées et leur manque total de conscience de leurs actes.
Enfin, il y a Calliope, la muse agacée, qui houspille le poète pour qu'il écrive, enfin, sur les femmes, et qui prend le-la lecteur-ice à parti. Ses chapitres sont courts mais tous incroyablement percutants et actuels. Et c'est sans doute Calliope en personne qui a inspiré et guidé Natalie Haynes tout au long de l'écriture de ce roman, car il est sur un pied d'égalité avec les grandes tragédies antiques et les poèmes épiques tels que l'Iliade et l'Odyssée.
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